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Ce qu'est un conte

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Histoire du conte


Avant de savoir écrire, l'homme a su conter sous tous les cieux du monde.

Le conte est bien plus qu'une littérature. Vestige d'une ancienne époque, il défie le temps pour rester un trésor de l'histoire du monde.


Les contes ont commencé quand ont commencé les récits mythiques. Ces récits sont situés dans un temps d'avant le temps et n'ont pas d'auteur mais des dieux. Ils disent à l'homme comment et pourquoi il se trouve sur terre, comment il doit vivre. L'homme avait donc un commencement et il pouvait le raconter. Ils ont continué avec les récits épiques des héros divins ou semi-divins. Ces récits ont un début et une fin, comme toute existence ordinaire, ce qui introduit le "temps" : celui au cours duquel se déroule l'histoire, et celui qu'il faut pour la raconter.


Héritage commun pour chacun de nous, ces récits sont la "conscience" de l'humanité en servant de règles, de références, de lois.


C'est alors qu'est apparue l'imagination - dans le but de distraire - avec les histoires arrangées ou inventées par les conteurs, qu'elles soient issues ou non des récits précédents.


Puis ont succédés la fable et le théâtre avec leurs sirènes, monstres et sortilèges de toutes sortes.

Et des milliards d'histoires extraordinaires, de contes de fées, de récits fantastiques ont défilé jusqu'à nos jours.

Qu'est-ce qu'un conte?


Geneviève Calame Griaule le définit comme un " genre narratif en prose ". Elle précise ensuite que le conte est une fiction, qui relate des événements imaginaires, hors du temps ou dans des temps lointains. Certains contes prétendent raconter la réalité, des événements réels arrivés dans le village ou à des personnes connues. De manière générale, les contes sont inventés, seuls les mythes racontent l'histoire vraie ; on les appelle " parole vraie ". Pour N'Sougan, le conte est une " pièce classique ", elle suit des lois précises et invariables quant à leur structure. Il affirme également que la nature des personnages du conte, son schéma ritualisé et les expressions archaïques prouvent l'origine religieuse du conte.


La frontière entre les différents genres de la littérature orale n'est pas toujours nette, surtout en ce qui concerne les fables et les mythes. Nous allons voir en quoi la structure du conte est particulière.

Le rôle du conte


Les contes ont joué un rôle important dans les anciennes sociétés rurales occidentales et ils le jouent encore dans des sociétés traditionnelles d'Afrique, d'Amérique, d'Asie, d'Océanie.


Un rôle de divertissement

Ce rôle est la première fonction de la littérature orale (dans les veillées villageoises notamment). Certains contes étaient réservés aux hommes, certains aux femmes (pour les enfants).

Aujourd'hui encore en Afrique noire, les contes sont (avec le chant et la danse) le divertissement le plus apprécié. Au Maghreb et au Moyen-Orient, des conteurs professionnels passent de village en village.


Un rôle pédagogique

Les contes véhiculent un savoir qui se transmet de génération en génération.

Dans certaines sociétés africaines, on ne communique aucun élément de connaissance à un enfant avant de lui avoir dit un conte ou posé une devinette ; selon ses réactions, on juge s'il a le niveau d'intelligence suffisant pour recevoir l'enseignement.

Ils introduisent des "leçons de choses" en parlant du milieu naturel (faune, flore, environnement géographique...) qu'un enfant retient mieux sous cette expression.

Les contes fournissent une morale sociale qui explique les règles de la vie communautaire et ses valeurs (le héros est récompensé ou châtié selon ses mérites).


Un rôle psychologique

Il s'exerce au niveau de l'inconscience.

Les contes posent sous forme d'images symboliques les problèmes inconscients auxquels sont confontés les individus : relations avec les autres, conflits de générations, intégration des jeunes dans la société... et proposent des solutions.

Par la dramatisation des fantasmes, ils aident, sinon à les surmonter, du moins à en prendre conscience (notamment les contes initiatiques).

La valeur du conte


Un conte est un court récit narratif (parlé ou écrit) d'aventure imaginaire dont le "merveilleux" est l'un des éléments les plus caractéristiques.


Il est sans longues descriptions ni analyse psychologique, et a la forme libre du récit parlé.

Son style est dû à la présence d'un narrateur qui anime le récit (les contes des Mille et Une Nuits sont un modèle à cet égard).


Mine de rien, le conte enseigne comment prendre les choses du bon côté.

Mais l'ingrédient indispensable est le délire.


Avec le conte, on entre dans une 5ème dimension où les choses ne sont plus les mêmes, où la logique n'est plus la nôtre mais la sienne propre.

C'est un monde virtuel animé par des myriades d'acteurs et d'actions auxquels chacun de nous est seul à donner ou à ne pas donner une existence.


Il comble notre besoin profond du merveilleux.

Le conte a sa propre vérité (même si celui-ci a l'air d'une histoire à dormir debout) parce qu'il suit le fil du rêve.


La structure du conte


Le conte est très souvent encadré par une formule d'entrée et une formule de sortie. Nous avons déjà évoqué l'existence d'expressions phatiques pour maintenir l'attention du public. Il existe également des formules pour entrer et sortir du conte.


L'annonce est faite pour mettre dans l'ambiance du conte : " Ceci est un conte ", " je vais raconter l'histoire de X et Y ". Elle met en avant le caractère mensonger ou fictif du conte : " Voici ce qui fut ici, cela sera ou ne sera pas, c'est un conte ". Les formules finales assurent la transmission du conte et permettent l'enchaînement entre les contes. Elles incitent d'autres personnes à prendre la parole : " Le conte a parlé, il se tait. ", " Le conte est fini, je vais le replacer sous l'arbre où je l'ai trouvé. ". Elles marquent également le retour au monde du réel.


Ces formules installent le conte dans un monde imaginaire et symbolique. Elles marquent le changement de monde et de langue ainsi que l'entrée dans le conte. Ces formules sont souvent symboliques et imagées ; elles utilisent des métaphores et autres images : " Que mon conte soit beau et se déroule comme un fil. ".François N'Sougan compare les contes aux pièces de théâtre et divise leur structure en cinq. Tout d'abord, il voit dans l'introduction, les " trois coups " du théâtre. Cette introduction est composée de la formule d'annonce qui met en place une relation active entre le conteur et l'assemblée. Ensuite vient la présentation des personnages. Le conteur les cite, parfois les décrit et peut également les placer dans leur contexte : " N'Gor Séné était un Sérère de Diakhaw " Après cette présentation vient le conte lui-même. Il est composé de discours et parfois de chants. Les chansons sont brèves mais fortement chargées émotivement. Cette émotivité est accentuée par la participation collective des auditeurs.


La conclusion est divisée en deux parties : une conclusion logique : " Le frère se remaria ; et ils vécurent tous ensemble très heureux. " et une conclusion morale : " Il ne faut pas écouter la parole des femmes. ". Enfin, le conte peut se terminer par une formule de fin, que N'Sougan compare au " baisser de rideau ".


La structure du conte africain n'est pas très éloignée de la structure du conte européen telle que la décrit Vladimir PROPP.  Pour lui, le conte se divise en trois " séquences ", une séquence étant " tout développement qui va d'un méfait ou d'un manque à sa réparation ".(SIMONSEN Michèle). Chaque séquence contient des " fonctions " (31 au total) qui s'enchaînent. Tous les contes ne font pas intervenir les 31 fonctions, mais leur ordre est immuable.


Les personnages des contes


Ils sont de toutes sortes : humains, animaux, minéraux, végétaux et de tous milieux : rois, paysans, commerçants, enfants ou adultes, femmes ou hommes. Les personnages peuvent aussi être surnaturels : monstre et génie, ou allégoriques : l'Amour, la Bonté, la Mort. Il arrive qu'un même conte mélange plusieurs catégories de personnages. Parfois même, dans les relations de parenté. Il n'est pas rare qu'un homme soit marié à une araignée ou qu'une femme ait pour fils un lièvre.


Comme dans les Fables, les animaux sont personnifiés et ont des traits de caractère prédéfinis. Alors que les personnages dans les contes européens peuvent jouer plusieurs rôles (ce qui compte selon PROPP, c'est la fonction en elle-même et pas comment ou par qui elle est effectuée) ; les personnages africains sont à eux-seuls des fonctions et des rôles. La Hyène par exemple est gloutonne, malhonnête, brutale et elle échoue toujours dans ses actions malhonnêtes. Son rival, le lièvre est plutôt rusé, il l'emporte à tous les coups face à la hyène.


Dans les contes en miroir, les deux personnages sont en réalité les deux aspects opposés de la personne humaine : le bien et le mal. Ces personnages apparaissent avec une plus ou moins grande fréquence dans les contes. Ils jouent chaque fois un rôle caractérisé.


Dans les contes africains, le héros (sujet) peut être un seul personnage ou plusieurs comme dans le cas des contes en miroir où ils sont deux. Il se voit attribuer une quête (objet) par un initiateur (destinateur). Le rôle de l'initiateur est souvent dans les contes initiatiques attribué à la marâtre qui exige du héros la réparation d'une faute commise (aller chercher une calebasse neuve) ou un service (aller chercher de l'eau au fleuve). Pendant son aventure, le héros rencontre des adjuvants qui l'aident généralement après un service rendu, par un don magique ou une parole bénéfique. Il doit aussi affronter des opposants qui lui tendent des pièges pour qu'il n'arrive pas au bout de sa quête. Enfin, le destinataire est celui à qui va profiter la quête. Souvent, il se confond avec le destinateur.

Ces différents intervenants sont les personnages secondaires du conte. Ils vont tous avoir une grande influence sur le déroulement de la quête. Ils ne sont pas toujours tous présents dans le même conte. Les personnages qui apparaissent le plus souvent sont l'Araignée, le roi, la femme, la hyène, l'orphelin, le génie…

La langue des contes


Nous l'avons vu, on ne conte pas dans la langue de tous les jours, mais dans une langue sacrée. Chez les Peuls, la langue du conte est pure, sans emprunts à la langue arabe alors que la langue ordinaire en est truffée.


La langue du conte est imprégnée d'impressionnisme. Le vocabulaire est riche en mots expressifs, particulièrement des verbes. Il faut suggérer beaucoup en peu de mots car le style oral nécessite une réduction du texte. Cette réduction est possible grâce aux nuances de voix, aux imitations et aux symboles.


La langue du conte est très rythmée, c'est ce qui permet sa mémorisation. Elle est également musicale. Cette musicalité est dans le rythme du conte mais aussi dans les instruments qui l'accompagnent. Le langage se sert des sonorités comme d'une valeur d'expression.


Le langage dans le conte n'est pas uniquement verbal, beaucoup d'émotions passent par le corps, les gestes et les expressions du visage.

Les fonctions du conte


Nous l'avons vu, la littérature orale remplit de nombreuses fonctions dans la société : initiation, éducation, distraction…


Le conte, est plus particulièrement le miroir de la société, il souligne les mentalités, révèle les croyances et valorise certaines conduites. N'SOUGAN étudie en détail les fonctions du conte eYe selon cinq axes. Tout d'abord, le thème central met en valeur un problème ou un conflit au sein de la communauté. Par exemple, le conte expose des problèmes dans les rapports entre co-épouses. Dans le dénouement, il propose une solution à ce problème. " C'est un cours à la fois théorique et pratique que la société par le truchement de ce genre littéraire, donne à ses membres. C'est un véritable cours d'éducation morale. ". Le conte provoque chez les auditeurs de forts sentiments et impose des normes morales. Il mobilise toutes les ressources de l'individu : " de la pensée aux muscles ". Le public s'engage dans le conte et la société y trouve son modèle de référence.


Le thème secondaire joue un rôle de " thérapeutique préventive ". Ce thème secondaire met à l'épreuve le système, et dévoile ses failles, ce qui permet une prise de conscience et une plus grande prudence. Enfin, le dénouement a une fonction éducatrice évidente. Il peut être sous forme de conseils ou de morale.


Le rôle social et pédagogique du conte n'est plus à prouver. Ce que nous remarquons ici est que le caractère didactique n'est pas uniquement réservé aux enfants. Le conte agit comme une " formation continue " puisqu'il répond à l'évolution des besoins et des manques. Le conte en le remettant en cause, assure la stabilité du système. Il souligne sa fragilité, ce qui oblige le peuple à être vigilant.


C'est essentiellement sur ce point que les contes africains et européens divergent. Le conte africain est un enseignement et il le revendique. Le conte européen, lui, est un amusement populaire. Tout d'abord, par " conte européen ", nous désignons les contes populaires oraux et ruraux et non pas les contes littéraires remaniés pour les goûts que la Cour par des auteurs comme Perrault.


Les contes populaires sont ceux qui se rapprochent le plus du conte africain : pratique sociale, narration orale et publique, divertissement et cohésion sociale. Ce genre a quasiment disparu en France au XVIIIeme siècle.


De nombreuses études ont été entreprises par des linguistes, des ethnologues et des psychanalystes comme Bettelheim, Jüng et Freud qui ont mis en avant les fonctions éducatives du conte populaire, son importance dans la construction du Moi de l'enfant, le dépassement des interdits… Nous ne remettons pas ici en cause ces théories fort intéressantes. Mais s'il est possible que le conte aide l'enfant à se forger son Moi, ce n'est pas là sa fonction première.


Le conte populaire français est un divertissement, c'est un moment agréable et un moyen ludique de passer le temps. D'ailleurs, Emilie MAGNE définit le conte populaire comme un " récit simple et souvent emprunté aux sources populaires " dont le but est de " réjouir les enfants ".


La littérature orale

Les genres de la littérature orale


Réduire la littérature orale à la seule forme du conte, c'est laisser de côté de multiples usages de la parole. Le terme " littérature orale " qui apparaît tout d'abord comme un oxymoron (" littérature " est dans nos sociétés associé à l'écrit) désigne un genre très vaste et diversifié. Il regroupe à la fois les devinettes ou énigmes, les formules divinatoires, les maximes et dictons, les louanges, les anthroponymes et les toponymes, et enfin les plus connus, les proverbes, les fables et les contes. Ces genres de la littérature sont universels. Ils ont une grande importance sociale et une structure linguistique particulière. Il existe une grande solidarité entre les différents genres de la littérature traditionnelle. Les proverbes sont bien souvent l'essence d'un conte et le conte est souvent l'illustration d'un proverbe. Geneviève Calame Griaule à ce sujet explique que : "dans les soirées Dogon, où l'on raconte une histoire, on doit toujours commencer par un échange de devinettes : les contes et les fables viennent ensuite. " Il n'y a pas de réelles frontières entre les différents genres de littérature, ils utilisent le même stock thématique et remplissent les même fonctions socioculturelles. Un exemple de littérature particulière chez les Mossi est l'anthroponymie, construction des noms d'après une analyse méthodique. Par exemple, le terme PUSRAOGO désigne le deuxième enfant, masculin (raogo = mâle), que les parents ont confié à un tamarinier (pusi). Les circonstances d'énonciation Tout comme la parole, la littérature orale doit suivre des règles quant à la profanation. Le moment le mieux adapté est le soir, à la tombée de la nuit (vers 18h-19h) autour d'un feu. Ceci pour des raisons pratiques : la journée les hommes vaquent à leurs occupations alors que le soir ils sont réunis, le corps et l'esprit reposé. Mais aussi pour des raisons symboliques, la nuit est associée à la mère et à la fécondité. Proférer la nuit est bénéfique pour la parole. Il existe aussi une littérature particulière réservée à certaines occasions : veillées funèbres, récolte, tissage, initiation… Ces règles même si elles sont différentes d'une tribu à l'autre constituent une constante des sociétés orales.


La littérature orale se récite généralement dans uns case ou une aire sablonneuse à l'orée du bois en fonction de la saison. Remarquons ici que désigner le contage par le terme récitation peut sembler étrange étant donné le caractère figé de la récitation, et la théâtralité des contes. Toutefois, c'est le terme que nous avons choisi pour désigner le fait de conter, comblant ainsi, un manque terminologique. Certaines productions orales comme la littérature initiatique se récitent dans la brousse, loin des regards indiscrets. On peut également réciter sur la place publique ou au centre d'une concession. Où qu'elle se passe, la récitation est publique. Elle implique la présence de l'émetteur et du récepteur à portée de voix (sauf dans le cas des tambours parleurs). La présence d'un auditoire est indispensable : on ne dit pas un proverbe pour soi, on ne conte pas sans public. La littérature orale instaure une interaction entre émetteur et un ou des récepteur(s) qui doivent manifester leur présence. Il est de coutume que l'auditeur formule un son nasal à la fin de chaque réplique du conteur. Ce son [nn] qui signifie oui est indispensable à la poursuite du récit. Nous avons personnellement pu observer cette interaction lors d'une récitation de conte. La conteuse pour être certaine de bien garder notre attention introduisait au fil de son conte le mot " édjimé " auquel nous devions répondre " éwa " en respectant le ton qu'elle avait employé. Ces formules permettent de maintenir le contact (ce qu'on appelle la fonction phatique) et crée une complicité entre émetteur et récepteur. Comme dans toute production orale, le récit se construit dans l'interaction. La présence du récepteur peut changer le message.

Une littérature engagée!


Dans la littérature orale, rien n'est gratuit, on ne fait pas de " l'art pour l'art ". Comme nous l'avons vu, la littérature traditionnelle est un enseignement. Comme la parole, elle engage la société. La littérature orale ne connaît pas l'expression des sentiments égoïstes et individuels. Elle est le porte-parole de la pensée et des valeurs collectives.


Elle remplit des fonctions pédagogiques, politiques, initiatiques, fantasmagoriques. En mettant en scène les problèmes quotidiens, elle assure le maintien et la survie du groupe. Elle remplit aussi une fonction thérapeutique préventive pour pallier l'excès ou le débordement. Elle aborde des problèmes comme la hiérarchie, les conflits de générations, les problèmes liés à la polygamie, ce qui révèle un souci politique du maintien de l'ordre. Mettre en scène la vie quotidienne et ses drames a pour effet de réduire les tensions : elle s'apparente à la catharsis grecque.


Elle remplit également une fonction initiatique parce que c'est par la littérature orale qu'on va effectuer le rite initiatique, entre autres en contant dans une langue codée (la langue des initiés).

La littérature orale puisqu'elle met en scène la société renseigne sur le milieu écologique, les habitudes, les structures, les croyances, la technologie de la société. C'est une source importante pour les ethnologues.

Caractéristiques de la littérature orale


La littérature orale n'est pas très différente de la littérature écrite mais elle subit d'autres contraintes liées à son oralité.


La première caractéristique de la littérature orale est son dualisme. Elle est passée puisque traditionnelle, mais elle est aussi tournée vers le futur et la transmission. Ce n'est donc pas un genre figé mais un genre qui évolue en fonction des besoins et de la mode.


Elle est constituée de deux parties : une partie rigide, l'enveloppe conservatrice qui est généralement connue par les auditeurs. Et une partie souple que le conteur adapte en fonction de son talent et de sa personnalité.


Enfin, ce qui caractérise la littérature orale est sa structure rythmée. En effet, elle met en œuvre la structure tonale de la langue et s'accompagne souvent de musique et de chants.

La littérature orale illustre parfaitement le rôle et l'importance de la parole dans les sociétés traditionnelles. C'est un genre complexe et riche qui se distingue de la littérature écrite par des conditions d'énonciation propres au style de vie et à la manière de penser des sociétés orales.

Le genre de littérature le plus connu est le conte. Il possède les mêmes caractéristiques générales que la littérature orale plus quelques particularités. Nous allons voir quels sont ces points qui singularisent le conte à l'intérieur du genre " littérature orale ".

Les portes du merveilleux


Dans les premiers temps de l'humanité, l'homme n'avait pas encore cherché à soumettre la nature, au contraire il la craignait et la sacralisait. Les esprits en faisaient partie. L'homme en parlait.

Aujourd'hui, la tradition orale est moins forte, mais ces esprits existent encore dans bien des cultures et bien des contes ou histoires fantastiques dans lesquels ils ont une place de choix.

Ils sont souvent regroupés sous le nom de "Petit peuple", ou faisant partie du "Royaume de Féerie".

Croire en eux, les connaître, ouvre la porte du merveilleux.


Ils s'appellent :


·         Fées et dryades


·         Elémentaux de la terre

- gnomes et gobelins

- lutins et farfadets


·         Elémentaux de l'eau

- sirènes et néréides

- ondines, naïades et nixes


·         Elémentaux de l'air

- elfes

- sylphes


·         Elémentaux du feu

- salamandres


Ce sont des entités énergétiques qui habitent la matière et ses éléments qu'ils animent et protègent. Ils en sont les esprits, ils sont les gardiens de la nature.

Leur corps ne sont ni physiques ni matériels, et ils adoptent la forme et la couleur de l'environnement. Ils sont donc très difficiles à voir.

Ils ne connaissent ni l'oisiveté ni le loisir, mais uniquement la persévérance pour assurer la continuité de la nature.

Leurs autres noms :


- devas, chez les Perses

- daïmons, chez les Grecs

- afrites, chez les Egyptiens

- kamis, chez les Japonais

- génies ou djinns, chez les Musulmans

- korrigans chez les Bretons


Les formules


Les formules sont nécessaires pour situer le conte dans l'imaginaire et le symbolisme. Elles sont également utiles au conteur pour maintenir l'attention des auditeurs éveillée. De plus, elles aident à la mémorisation lorsqu'elles sont courtes et reviennent à des moments fixes.


    les formules d'introduction : elles insistent sur le caractère fictif du récit ou sur son caractère intemporel : Il était une fois... (Once upon a time...)

    les formules répétitives : "Ma mère-grand, que vous avez de grands bras!... Ma mère-grand que vous avez..." etc. (du Petit Chaperon Rouge).

    les formules finales : elles annoncent que le conte est terminé et parfois la nécessité de continuer la transmission (comme dans la formule africaine "Le conte est terminé, je l'ai replacé sous l'arbre où je l'avais trouvé" (et où quelqu'un viendra le reprendre).


La classification Aarne- Thompson


Tout a commencé avec des collectes.


C'est en Europe qu'elle ont été organisées. Le formidable succès du recueil "Kinder-und Hausmärchen" des frères Grimm (en 1812-1815) n'y est peut-être pas étranger !

Toujours est-il que durant près d'un siècle, diverses collectes ont été mises en place dans différents pays:


·         collectes d'institutions nationales comme celles de:

- la Sté de Littérature Finnoise (créée en 1831)


·         collectes dues à des initiatives individuelles, comme celles de:

- Asbjörsen (Norvège)

- Svendt Grundtvig (Dannemark)

- Pitré (Sicile)

- Paul Sebillot (France)

- Arnold Van Gennep (France).


L’importance monumentale de ces collectes a été telle que la nécessité d'un classement s’est imposée impérativement.


Le classement des contes

Il a été réalisé dès le XIXe siècle, mais il a posé bien des problèmes en raison de la masse et de la grande variété des contes.

Alors pour y voir plus clair, Antti Aarne (Finlande) a défini en 1910 la notion de "conte type" qui a permis enfin, l'instauration d'une classification internationale.


La classification Aarne-Thompson


Elle a été élaborée par Antti Aarne et Stith Thompson (auquel on doit le "Motif-Index of Folk-Literature").

Elle contient à ce jour 2340 types de contes.

Ces types sont répartis en 4 catégories :


- les contes d'animaux : T.1 x 299

- les contes proprement dits (avec les contes religieux et les contes merveilleux) : T. 300 x 1199

- les contes facétieux : T.1 200 x 1999

- les contes à formule (contes en chaîne) : T. 2000 x 2340


Tout ce travail monumental a permis l'établissement de monographies de contes (ouvrages exhaustifs) et de catalogues nationaux, tels que celui de Paul Delarue et de Marie-Louise Teneze (par exemple) pour le conte populaire.