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Les dindons à Ronquières

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 1. Le dindon sauvage.

Le dindon qui figure aujourd’hui dans nos basses-cours est le descendant du dindon sauvage  qui vivait en Amérique en troupes nombreuses.

La taille de cet oiseau est considérable. Son poids s’élève, chez le mâle, à 12 kilogrammes. La femelle est plus petite. Son poids dépasse rarement 5 kilogrammes.

Il voyage de préférence à pied, et sa course est assez rapide pour qu’un chien ne puisse jamais l’atteindre. Il vole et nage aussi.

Le dindon sauvage est essentiellement frugivore.

2. Avant 1715 .

Les dindons n’existaient pas dans l’ancien monde. Ils firent partie des curiosités que les Espagnols rapportèrent du Mexique. Ces gallinacés, domestiqués par les indigènes furent d’abord nommés  «  Coq des Indes » pour devenir « Dindons ».  Ces beaux et étranges oiseaux furent la coqueluche de la noblesse. Dans notre région, ils ornaient les pards des Princes de Ligne à Beloeil et des ducs d’Arenberg à Enghien.

En 1550, Ronquières était un village agricole dépendant de la Seigneurie d’Enghien et religieusement du diocèse de Namur. La bourgade vivait assez isolée dans sa vallée, n’ayant avec Nivelles et Braine-Le-Comte que des communications difficiles. Malgré cela, bien des Ronquièrois adhérèrent au calvinisme. La répression, en 1568, fut implacable. Le mayeur fut décapité, sa tête fut exposée sur un pic au milieu de la place, on lui coupa les mains et les pieds qui furent aussi exposés avec quatre autres responsables pendus aux quatre coins du village.

En 1580, nouvelle répression. Vingt-cinq  Ronquièrois s’exilèrent. Génération après génération ce drame fut raconté à la veillée, donnant aux Ronquièrois un esprit indépendant.

Revenons à nos dindons.

En 1446, le Seigneur d’Enghien conférait aux archers de Ronquières une charte et un terrain d’exercice. Aussi les archers devaient se rendre annuellement à Enghien afin de parfaire leur instruction. D’après la tradition, ce sont eux qui entre 1650 et 1700 rapportèrent des œufs de dindes et les mirent à couver.

Les dindons, animaux de par cet d’ornement, possession des nobles, n’étaient pas soumis à la dîme. Pour survivre en ce siècle de malheur ou acquérir une humble aisance, les roturiers de Ronquières se lancèrent dans l’aventure de l’élevage du dindon. Ils eurent de la chance. Le sol schisteux, les nombreux bois et endroits incultes rappelèrent aux dindons leur lointaine Amérique. Ils s’y plurent et s’y multiplièrent. Les Ronquièrois ayant la sagesse de les laisser vivre en semi liberté. A force d’observation, de patience et de persévérance, ils maîtrisèrent l’élevage et surent le rendre de plus en plus rentable.

Les étés froids et humides, ils gardèrent les dindonneaux dans des endroits secs et chauds, les nourrissant avec méthode, ce qui augmenta leur nombre, tout en leur faisant perdre un certain esprit de liberté. Voyant cela, les enfants des éleveurs, munis de gaules, se mirent à surveiller de petits troupeaux d’une vingtaine de dindonneaux picorant dans les champs.

Plus tard, quand les élevages prirent de l’ampleur, les dindonniers aidés de deux chiens surveillèrent des troupeaux de plus de 100 dindons. Ronquières eut ainsi ses dindonniers et ses dindonnières, métiers que nos dictionnaires actuels ignorent désormais.

3. De 1715 à 1900.

Les Ronquièrois avaient gagné. Les dindons les aidèrent à survivre durant les cinq grandes guerres de Louis XIV. La paix revenue en 1715, l’élevage du dindon put prendre de l’extension et ce qui devait arriver arriva.  On établit la «  Dîme des dindons », c’est-à-dire que chaque année, un dindon sur dix devait être offert. Le curé de Ronquières était chargé de superviser la perception.

L’abbé Georges Malherbe, grand historien et curé de Ronquières nous a laissé des notes manuscrites où il nous apprend que :

« le 22 octobre 1722, le curé Joseph Dessart traduisait David Druet devant la cour scabinale, parce qu’il avait vendu son troupeau de dindons sans payer la dîme.

En 1784,  le curé Emmanuel Laurent intentait un procès devant la cour scabinale à Jules Roux et Jeanne Sempos parce qu’ils refusaient de payer la dîme de leurs poules d’Inde. »

Les dindons Ronquièrois étaient tellement réputés que souvent les baux stipulaient l’obligation de fournir un certain nombre de dindons. Ainsi, le censier de Gottentieux devait payer en 1751 à son propriétaire deux bons et gros dindons. En 1810, ce fermage en nature monta à quatre couples.

En ces années, les troupeaux de 500 à 600 dindons étaient choses courantes à Ronquières.  Ce succès attira de terribles épidémies qui décimèrent les troupeaux.

La «  prise du rouge », le choléra, empoisonnèrent la terre. Des élevages entiers furent anéantis. Par suite de la contamination du sol, l’élevage fut impossible à bien des endroits durant de nombreuses années. Heureusement, dès la fin de la période autrichienne jusqu’au début de l’indépendance belge, Ronquières et Braine-le-Comte connurent une industrie textile florissante distribuant un travail à domicile rentable. On garda les dindes pour l’usage familial, celles-ci étant de très bonnes couveuses, si les circonstances économiques et familiales le permettaient, on avait vite reconstitué un petit troupeau. Les Ronquièroises avaient le choix, en attendant le prince charmant, d’être fileuses ou dindonnières. Les dindonniers et leurs chiens se reconvertirent en bergers. En 1830, 500 moutons étaient recensés à Ronquières.

4. Le dindon domestique avant 1914.

Le dindon est le plus gros de nos animaux de basse-cour, c’est la volaille des familles nombreuses et des repas de fêtes.

Le dindon a la tête et le haut du cou revêtus d’une peau dépourvue de plumes et toute mamelonnée ( caroncule). Il a sous la gorge un appendice qui pend le long du cou et sur le front un autre appendice conique.

Le mâle fait la roue comme la paon, redressant en éventail les plumes supérieures de sa queue, balayant le sol de ses ailes, hérissant tout son plumage, rejetant la tête en arrière et cachant son bec sous le développement de ses pendeloques qui s’injectent de sang. En même temps, il gonfle son jabot comme un tambour et expulse violemment, avec de sourdes détonations, l’air de ses poumons pendant que tout son plumage vibre d’un frémissement sonore.  Il piaffe sur lui-même et pousse un gloussement entrecoupé qu’il interrompt pour jeter un cri: glou glou glou, qu’on peut lui faire répéter à volonté en sifflant. C’est l’amour et la colère qui mettent le dindon dans cet état violent.

Les dindonneaux sont d’un élevage relativement difficile. Ils sont loin d’être aussi rustiques que les poulets. De plus, ils sont assez stupides.

Le soin le plus important à prendre après leur éclosion consiste à les préserver du froid. Si leur naissance est un peu précoce, on est quelquefois obligé de les enfermer pendant la première huitaine dans une pièce chaude, dont le sol est couvert de sable ou de sciure de bois. Si le temps le permet, on les laisse sortir au milieu de la journée, au soleil et dans un endroit abrité, en surveillant bien la mère, afin qu’elle ne les emmène pas au loin. Il faut éviter que les petits soient mouillés car ils périraient presque infailliblement.

Le froid les engourdit mais ne les tue pas. Il arrive souvent que les dindonneaux sont tellement engourdis qu’on les croit morts, mais, remis sous la mère, on les voit revenir à la vie après quelques heures de chaleur.

Dès la seconde semaine, si le temps est beau on peut les laisser promener avec la mère  en les faisant rentrer s’il vient à pleuvoir.

Ils ne commencent guère à manger que le troisième jour. Certains sont tellement absurdes, qu’il est absolument impossible de leur apprendre à manger. Il faut leur faire ingurgiter la pâte de force pour les empêcher de mourir de faim.  Il peut être utile d’introduire dans la couvée quelques poulets qui leur donnent l’exemple.

Leur première nourriture doit être composée de pain trempé, d’œufs durs auxquels on ajoute presque toujours de soignons, le tout haché menu.  Les oignons paraissent être tout à fait de leur goût, car dans la pâte ce sont eux qu’ils choisissent d’abord.

Quand les dindonneaux commencent à bien manger, à l’âge d’une dizaine de jours, on peut supprimer les œufs et composer une pâtée avec du son mélangée d’oignons et d’orties hachées. En même temps, on les mène aux champs, toujours en évitant la pluie, et par temps humide, on choisit des terrains secs et sablonneux.  

Les dindons n’aiment pas avoir les pattes mouillées et, avant la crise du rouge, on doit éviter de leur fournir le moindre prétexte de maladie. On les fait sortir deux fois dans la journée, le matin de 9 à 11 heures et le soir de 16 à  18 heures. On les fait rentrer aussi pendant les grandes chaleurs, car si le froid les tue, le grand soleil ne leur est pas moins pernicieux.

Ces soins et ce régime doivent être continués jusque vers l’âge de deux mois et demis. C’est , en effet, entre deux et trois mois que les dindonneaux prennent le rouge, c’est à dire que leurs caroncules et pendeloques s’injectent de la couleur rouge qu’on leur connaît. Celles-ci percent de petits boutons blancs au milieu du léger duvet qui occupait leur place depuis la naissance et qu’elles vont bientôt faire disparaître, en absorbant peu à peu toute la place. Peu à peu ces petites excroissances blanchâtres prennent une teinte rosée, se dilatent de plus en plus, et, finalement, deviennent de  ce beau rouge vif dont le dindon adulte paraît si fier et qu’il transforme à son gré, suivant les impressions de colère, de désir ou de satisfaction, en nuances tellement changeantes qu’on y pourrait trouver toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Cette crise du rouge est très grave pour ces oiseaux et en fait périr un grand nombre si on ne leur a pas fait une bonne et robuste constitution.

La prise du rouge se fait d’autant mieux que le temps est plus beau et que les dindonneaux ont eu moins à souffrir du froid et de l’humidité. Il est bon, à ce moment, de mêler à leur pâtée des matières échauffantes: du chènevis, un peu de vin, du sel, du persil, et surtout des oignons et des orties.

Il est utile d’ajouter que dès que les dindonneaux sont en état de manger de la graine, on leu en fait des distributions sans préjudice de la pâtée de son, d’orties et d’oignons qu’on leur donne deux fois par jour.

C’est dans cette première partie de leur éducation que ces oiseaux sont difficiles à conduire mais une fois la crise du rouge surmontée, ils deviennent  d’une rusticité à toute épreuve.

Lorsque les dindons ont pris le rouge, leur élevage devient plus facile mais il est nécessaire de leur livrer un vaste parcours où ils puissent pâturer tout le jour et faire la chasse aux insectes. Lorsqu’on n’a que quelques sujets on les laisse errer autour de la maison. Mais si l’on a élevé un nombre considérable de dindons, il est indispensable de les réunir en troupeaux et de les faire conduire dans les champs, sur les prés, dans les bois, etc.

Un enfant armé d’une gaule suffit à mener un troupeau. A mesure qu’ils avancent en âge, la durée de ces excursions journalières est augmentée, et, peu à peu, ils peuvent braver le soleil de midi et même les pluies les plus abondantes. Ils savent trouver alors de quoi suffire entièrement à leur entretien et l’on peut se dispenser de leur donner un supplément de nourriture.  Toutefois, en hiver, on leur donne du grain, des fruits gâtés, des débris de cuisine, viande, légumes etc.. Ils sont alors aussi faciles à nourrir que les canards et mangent de tout.

Dès que le temps le permet, on les habitue à quitter le poulailler la nuit, pour dormir en plein air. Ils deviennent ainsi plus robustes et se portent beaucoup mieux que les dindons habitués à coucher dans un local fermé.

Toutefois, lorsque les grands froids commencent, il est prudent de les faire rentrer le soir dans une petite étable, d’autant plus qu’en janvier certaines dindes commencent à pondre et qu’il leur arrive  de laisser tomber leurs œufs du haut du juchoir. Les œufs sont alors perdus. On fait bien de répandre sous les perchoirs une épaisse couche de sable fin, pour éviter la perte des œufs pondus accidentellement.

On donne en général huit à dix dindes à un mâle. La ponte commencée ordinairement à la fin de l’hiver ( en mars) fournit une vingtaine d’œufs qui viennent de deux en deux jours. Mais les dindes ont l’habitude invétérée de cacher leurs œufs. Elles vont pondre dans les haies, sous les touffes de ronces et les buissons. Il faut les suivre à la piste, retirer chaque fois l’œuf nouveau et laisser le premier afin que la dinde revienne à son nid. Mettre, comme on le fait souvent, un œuf de plâtre réussit presque toujours à les faire changer de nid !

En mai, la dinde demande ordinairement à couver. Elle glousse comme la poule. La peau de son ventre s’injecte et perd ses plumes. Souvent sa ponte n’est pas encore terminée et, si on lui donne les œufs à couver, elle en pond encore quelques uns dans le nid. On s’en aperçoit en voyant augmenter le nombre des œufs mis à l’incubation que l’on a marqués préalablement. On retire alors tous les œufs qui ne portent pas de marques.

Si la couvée est précoce ou si on enlève les petits éclos, pour les donner à une autre mère –car une même dinde conduit très bien deux couvées—une seconde ponte survient à la fin de juillet ou en août.

Les œufs de la dinde sont gros, surtout lorsque la pondeuse est âgée de deux ans au moins. Ils sont blancs, très bons à manger, quoique moins délicats que les œufs de poules. La dinde qui couve peut couvrir vingt-deux œufs.