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Les premières exploitations

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 Jusqu'à il y a une trentaine d'années, les découvertes de la civilisation à céramique rubanée n'avaient été étudiées que trop superficiellement pour pouvoir se faire une idée nette de l'habitat néolithique. Les progrès réalisés dans ce sens sont dus en majeure partie, aux fouilles effectuées notamment par P. Modderman  à Sittard et H.  Roosens à Rosmeer. L'agriculteur de la civilisation à céramique rubanée habitait dans de vastes fermes rectangulaires (parfois de plus de 30 m de long), le logis, les étables et les remises se trouvant sous le même toit. Ces habitations étaient groupées sans plan particulier, elles formaient une espèce de 'village de fermes' (selon les estimations, de 50 à 150 habitants); elles étaient cependant toutes orientées dans la direction Nord-Ouest, sud est .La partie nord de ces 'fermes en longueur' était bien protégée contre la pluie et le vent, grâce à un recouvrement de terre glaise sur treillis. Les 'étables' se trouvaient au centre: il s'agissait d'une série de pieux à l'intérieur desquels les animaux domestiques passaient la nuit. Le plus au sud, orientée vers le soleil (à l'endroit le plus sec donc) se trouvait la 'remise' un sol surélevé. Dans cette partie de l'habitation, on retrouve souvent de grands pots de terre ornés de décorations typiques, dans lesquels on conservait le grain, à l'abri des rats et des souris...

La terre glaise utilisée pour enduire les murs était extraite sur place, dans les environs de la ferme: les cavités étaient ensuite utilisées pour jeter les déchets de petites occupations ménagères, telles que le polissage des outils de silex, la mouture du grain, la séparation de la balle et du grain.... ce qui a permis de découvrir dans ces puits des fragments de silex inutilisés, des grains de blé, de la balle et des meules. Les auteurs les plus récents (M. Mariën, S. De Laet, W. Glasbergen) s'accordent pour penser qu'il ne s'agissait pas de 'fonds de cabane', une forme d'habitat que l'on considérait, il y a quelques dizaines d'années, comme la forme la plus primitive d'habitation utilisée par l'homme néolithique.

Nous ne disposons malheureusement pas ici de place suffisante pour dire tout ce qu'il y a à dire au sujet des premières exploitations agricoles: elles possédaient aussi, par exemple, de petites remises à grain; les villages étaient entourés d'un fossé; des mares étaient aménagées pour le bétail; les paysans cultivaient le lin et tissaient des vêtements; ils fabriquaient des bijoux et de la poterie ornée de beaux motifs; et pour toutes ces activités, ils utilisaient des outils étonnamment bien conçus, tels que des faucilles, des haches spéciales pour le travail du bois, des perçoirs des armes... Vers 3400 avant J.C., nos terres fertiles furent, selon S. De Laet, envahies par une nouvelle vague d'immigrants néolithiques; la 'civilisation de Michielsberg ' nous arriva alors de l'est. Des groupes mésolithiques (c-a-d utilisant encore des outils de pierre non polie) installés sur les terres sablonneuses (Campine) et perpétuant la tradition locale connurent également ce renouveau. Ces nouvelles populations vivaient notamment dans les cités lacustres bien connues  des lacs suisses jusqu'à nos fleuves; selon M. Mariën, ils cultivaient, entre autres, des petits pois (Pisum sativum), de la mâche (Valérianella) , des haricots (Lens esculenta), des carottes (Daucus carota), des panais (Pastinaca sativa) et ce, sur des terres surélevées, entre la rive des lacs et les promontoires. Dans les prairies, des bergers gardaient le bétail (boeufs de petite taille), les moutons, les chèvres et les porcs. Dans les environs immédiats de la cité lacustre, poussaient des pommiers, des poiriers, des noisetiers, des noyers, des sureaux, des sorbiers, des prunelliers et des merisiers. Mais les poissons d'eau douce constituaient le repas principal de ces populations, comme en témoignent les nombreux filets de pêche et hameçons retrouvés... On trouvait aussi des pêcheurs, des éleveurs et des mineurs dans le Brabant et le Hainaut, régions riches en silex, plutôt que des cultivateurs purs. En effet, la présence de silex dans les terres riches en calcaire de la région limoneuse belgo-néerlandaise fait de ces régions un centre de néolithisation  de l'Europe septentrionale occidentale. La civilisation de la Seine  Oise Marne   (Famenne, vallée de la Meuse et région limoneuse) prouve également l'intérêt de cette extraction du silex.

Entre 2400 et 1700 avant Jésus Christ, nos régions furent de nouveau envahies par d'autres peuplades et subirent donc d'autres influences étrangères; en archéologie, on parle de la civilisation « à vases à pieds » et 'à vases campaniformes ,  deux cultures du bas néolithique. Elles nous ont apporté entre autres les roues faites d'une seule pièce de chêne, les grands tumuli  des Pays-Bas et les menhirs en Bretagne, mais aussi dans le sud de la Belgique (Hainaut et Luxembourg). Au cours de cette période, la connaissance de l'agriculture néolithique ne cesse de se répandre dans la mosaïque de peuples qui habitaient alors les 'Pays-bas', et ce, notamment grâce aux marchands qui sillonnaient le pays pour troquer leurs marchandises en silex de Touraine.

D'après Tréfois,  l'homme néolithique aurait également connu une autre forme d'habitation: une habitation faite de petits troncs fendus longitudinalement et recouverte d'un toit de paille. Ces troncs étaient enfoncés verticalement dans le sol, comme l'indiquent les découvertes les plus anciennes à Eichbühl  (2500-2000 avant J-C ) ou n'étaient pas fendus et étaient alors posés horizontalement, de sorte qu'aux coins, ils s'accrochaient l'un à l'autre (“knuts ”). L'on retrouve d'ailleurs encore de nos jours ce type de construction en rondins verticaux dans certaines églises scandinaves, tandis que les rondins horizontaux sont toujours utilisés tant dans les pays scandinaves que dans les Alpes. Les panneaux servant uniquement de séparation et non de soutènement apparaissent déjà chez les peuplades à céramique rubanée

Progressivement, toutes ces civilisations fusionnèrent en une seule unité culturelle: ce mouvement fut favorisé par les divers contacts entre populations à l'occasion du troc. Petit à petit aussi, le climat se modifia et de là, le paysage se métamorphosa: le climat assez chaud et humide devint quelque peu plus sec, tout en restant plus clément que de nos jours! D'autre part ,les activités agricoles avaient déjà profondément influencé le paysage: d'énormes surfaces de 'forêt atlantique' furent déboisées pour devenir des champs et des prairies. Les terres sablonneuses surtout, s'appauvrirent d'abord à cause de cette exploitation trop intensive; la végétation ne fut bientôt plus qu'une bruyère aride et dans de nombreux cas, des dunes mouvantes apparurent en provenance de ces champs. En effet, ignorant et téméraire, le paysan y pratiquait la culture à outrance: les surfaces déboisées étaient brûlées et dans cette couche superficielle de cendres d'humus, le paysan cultivait pendant quelques années du grain; après épuisement de la terre, il y faisait paître son bétail, ne laissant aucune chance à la forêt de régénérer; et ainsi, la culture à outrance se propageait de façon durable. Finalement, les fermiers furent obligés de rechercher d'autres solutions. Dans les terres limoneuses et argileuses cependant, les forêts exploitées se reconstituaient plus facilement.

De temps en temps, un objet de métal s'était déjà introduit dans cette civilisation axée surtout sur la pierre: de précieux bijoux de cuivre étaient parfois transmis de mains en mains; parfois même, mais exceptionnellement, on trouvait une fibule en or. Mais vers 1550 avant JC. (d'après S. De Laet en W. Glasbergen) l'afflux d'objets de cuivre d'abord, puis très rapidement de bronze provenant des forges d'Allemagne centrale et méridionale, de Bohème, de Basse-Saxe et d'Irlande, ne cessa d'augmenter dans nos régions. Et bien que le bronze restât assez rare dans nos 'Pays-Bas' (les mines de cuivre et d'étain se trouvaient en Irlande, en Angleterre et dans l'Europe centrale et méridionale), il allait devenir pendant cinq siècles un élément de stabilité pour l'Europe: les peuplades nomades belliqueuses utilisaient à l'origine des armes de silex qui ne résistaient pas aux glaives de bronze des civilisations sédentaires qui occupaient les mines d'étain et de cuivre. L'apparition du bronze entraîna donc un essor du commerce et de l'agriculture, l'homme ayant définitivement dominé la terre, grâce notamment à l'utilisation de haches de bronze.

Grâce aux progrès effectués dans les techniques de fusion, l'homme réussit, quelques siècles plus tard, à forger des outils en fer. Dans le sud-est de l'Europe, cette découverte signifiera la fin de la civilisation du bronze mycénienne et la domination des Doriens tout au long des Xe et Xle siècles avant J-C . En Europe centrale, il fallut attendre jusqu'aux environs de 700 avant J. C. les premières armes de fer qui furent fabriquées à 'Halstatt'  en Autriche. Ces nouvelles armes devaient signifier la fin de la paix en Europe occidentale et très rapidement, la culture de Halstatt allait envahir toute l'Europe centrale et occidentale. L'agriculture constituant alors la principale forme d'existence, les paysans furent obligés, dans la période qui précéda, d'améliorer radicalement les méthodes de culture et d'élevage. La culture à outrance avait été abandonnée depuis longtemps déjà. Les champs pouvaient être utilisés de manière plus permanente grâce au travail du sol, d'abord au moyen de l'araire de bois, détachant la terre dans toutes les directions. A partir de 700 avant J-C. (début de l'âge de fer), les paysans auraient, selon H. Waterbolk, entre autres, cultivé sur les terres sablonneuses de grands champs rectangulaires (fortifiés) qui auraient été fumés et employés à tour de rôle comme pâturages. Au début, les forêts poussant dans les vallées humides des fleuves restèrent inviolées et ne furent utilisées que pour la chasse. Dans les zones limoneuses, les travaux des champs étaient bien plus durs, les bois y étant plus denses et la densité de population inférieure. Vers la fin de l'âge de bronze (1000 -700 avant J. C ) et plus tard, pendant l'âge du fer, la région limoneuse et les Ardennes furent exploitées de manière plus intensive. On suppose que pendant la transgression de la fin de l'âge du fer (400-200 avant J-C.), les habitants des basses régions sablonneuses le long de la mer, émigrèrent vers les terres plus hautes et plus lourdes. Les agriculteurs d'alors furent également obligés d'améliorer les techniques de travail de la terre et leurs outils. L'utilisation d'outils de fer offrait des possibilités révolutionnaires. Des gisements de minerai de fer ont été localisés dans le proche territoire mosan. Vers 100 avant J-C, l'activité humaine se réduira dans les plaines, aux terres argileuses le long des fleuves et au bord de la mer, et ce, en raison de l'appauvrissement des terres sablonneuses et de la présence de dunes mouvantes. Un drainage naturel y aurait été effectué au moyen d'une série de rigoles de drainage, permettant d'améliorer considérablement le contrôle des eaux dans ces régions, désertiques auparavant. La protection contre les crues hivernales était assurée dans ces territoires en contrebas, par le groupement des habitations sur des collines aménagées, des buttes.

Vers la fin de la dernière partie de l'âge du bronze, les petites huttes furent abattues et remplacées par de plus grands complexes en rondins ou à colombages, construits autour d'une cour intérieure carrée. Au même moment, alors que les Grecs commençaient à construire leurs premiers temples, l'Europe centrale et occidentale connaissait une architecture grandiose, s'exprimant dans les fermes des gros propriétaires...

L'ingéniosité dont firent preuve notamment les Frisons, au cours des derniers siècles de la préhistoire, apparaît  dans les fouilles effectuées par A. van Giffen à Ezinge (Groningen). Ceux-ci avaient apparemment déjà compris qu’un mur peut remplir deux fonctions (à savoir, erre un élément de soutènement et un élément de séparation), et qu'il est possible d'économiser des matériaux lorsque ces deux fonctions sont remplies par des systèmes différents. Nous voyons ici, sur la reconstitution d'une de leurs habitations, que les murets latéraux servent uniquement de séparation, tandis que la pression du haut toit à pans coupés repose sur des pieux séparés. Le plan d'Ezinge  est étonnant: les pieux le long de la face interne du bâtiment servaient très probablement à soutenir les chevrons coudés, les pieux extérieurs, qui portaient les pans du toit.