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Ti Jean et le cheval blanc

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Adapté d’un conte populaire.


 


De peur de voir un vaste patrimoine oral tomber dans l’oubli, des ethnologues et des folkloristes se mirent dès 1911 à recueillir dans les campagnes et les villages du Québec, les contes et les chansons. Les plus connus furent Marius Barbeau, E . Z. Massicotte, Adélard Lambert, Luc Lacourcière, Germain Lemieux, Carmen Roy, Ernest Gagnon, Gustave Lanctôt. On retrouve une multitude de ces contes de la tradition orale recueillis par les spécialistes dans les classeurs du Musée national à Ottawa et aux archives de folklore de l’université Laval, à Québec. Beaucoup de contes de la tradition orale québécoise ont leurs racines dans les provinces de France ; les colons qui arrivèrent en Nouvelle-France au XV11e siècle transmirent ces contes de génération en génération en leur faisant subir de nombreuses transformations. On retrouve aussi ces contes dans d’autres régions du pays, en Acadie et même en Louisiane, là où se sont déplacés les anciens.


Cette histoire, qui met en scène le héros par excellence des contes du Canada français, Ti-Jean, a été recueillie en 1915 dans la Beauce par Marius Barbeau..


 Ti-Jean (ou P’tit Jean ou Tit Jean) est le garçon pauvre, le débrouillard que se mesure victorieusement avec la bête-à-sept-têtes, le bœuf à cornes d’or, avec un géant ou une sorcière. Dans d’autres cultures on le retrouve sous d’autres noms comme celui de Malice en Haïti ou de Boton le lièvre en Afrique. Et il va de soi que Ti-Jean finit toujours par épouser la princesse.


 Il était une fois un jeune garçon qui s’était engagé chez un seigneur. Le seigneur lui trouvait mille qualités et appréciait son ardeur au travail. Il lui fit faire le tour de son domaine et lui fit visiter son château ; il lui indiqua une porte en disant :


- N’entre jamais dans cette chambre ou je te mettrai à mort.


Le garçon qui s’appelait Ti-Jean prit bonne note de cette recommandation.


Et voici qu’un jour, le seigneur était parti et Ti-Jean resta seul au château. Il se mit à se promener dans la demeure et il passa devant la porte que le seigneur lui avait défendu d’ouvrir. Curieux, il se demanda : « Qu’est-ce qu’il peut bien y avoir dans cette


chambre ? »


Il finit par prendre la clef et il ouvrit la porte. La chambre était vide. Au milieu du plancher il y avait un bassin couvert d’une toile. Il souleva la toile et trempa son doigt dans le contenu. Il vit que son doigt était doré. C’était un bassin plein d’or.


Ti-Jean sortit et referma la porte à clef. Vite, il s’en fut à la cuisine et lava son doigt. Mais il eut beau recommencer dix fois il ne réussit pas à faire disparaître l’or. Alors, il enveloppa son doigt dans un linge.


Peu de temps après, le seigneur revint au logis et lui demanda :


- Qu’est-ce que tu as au doigt ?


- Je me suis blessé, répondit Ti-Jean.


- Montre-moi ta blessure.


- Non, non, ce n’est rien du tout.


Le seigneur arracha le linge enroulé comme un pansement.


- Ah ! ah ! dit le seigneur. Tu es entré dans la chambre et tu as trouvé le bassin d’or. Pour cette fois, je te garde en vie mais prends bien garde d’y retourner ou je te mettrai à mort.


Le seigneur partit encore en voyage. Ti-Jean s’ennuyait, alors il décida d’aller regarder le bassin d ‘or dans la chambre interdite. Il prit donc la clef et ouvrit la porte car il lui était venu une belle idée.


Ti-Jean trempa sa chevelure dans le bassin. Quand il sortit de la chambre interdite ses cheveux étaient tout dorés. Il se vit dans une glace et se trouva fort beau. Mais il pensa : « Ah ! qu’est-ce que mon maître va dire en me voyant ainsi ? »


Il mit un bonnet sur ses cheveux et, justement parce qu’il savait que le seigneur le tuerait dès son retour, il décida de partir.


Il quitta le château et marcha longtemps. Puis, il finit par arriver chez le roi et là, il se fit engager pour soigner les chevaux. En entrant dans l’écurie il remarqua un petit cheval blanc. Il s’approcha de lui et entendit avec surprise le cheval lui dire :


- Aie bien soin de moi, Ti-Jean. Ne m’attelle pas et je te sauverai de bien des malheurs.


Quelques jours plus tard, le cheval blanc dit à Ti-Jean :


- Tous les sept ans, le roi est forcé de donner l’une de ses filles à la bête-à-sept-têtes.


Le jour où cela arrivera, bride-moi, selle-moi et mets ton plus bel habit.


Le fameux jour arriva. Ti-Jean brida et sella le cheval blanc qui lui donna un sabre. Puis, il retira le bonnet qu’il portait, monta le cheval et ils partirent ensemble. En chemin ils rencontrèrent le roi qui avait triste mine. Ti-Jean lui demanda :


- Pourquoi êtes-vous si triste ?


C’est un jour de grand malheur. Tu vois : j’ai conduit la princesse à la montagne où elle va se faire manger par la bête-à-sept-têtes.


Le petit cheval blanc partit et dépassa toutes les voitures de la suite du roi qui descendaient de la montagne. Il arriva là où on avait laissé la pauvre princesse.


Quand elle le vit arriver elle cria :


- Beau prince aux cheveux dorés, allez-vous-en ! La bête va me dévorer mais il ne faudrait pas qu’elle vous prenne aussi.


Et la bête-à-sept-têtes se fit entendre. Elle sortit de sa grotte et aussitôt, Ti-Jean brandit son sabre et s’avança. Ti-Jean coupa six de ses sept têtes. Il ne lui en restait plus qu’une.


- Quartier*, fit la bête.


Ti-Jean s’arrêta, prit la princesse en croupe sur le petit cheval blanc et descendit la montagne.


Et tout à coup, ils entendirent la bête qui revenait vers eux. Cette fois, Ti-Jean eut beaucoup de mal à se défendre contre ses attaques.


- Attends, mon beau ! On n’a pas besoin de sept têtes pour dévorer une princesse ! Une seule me suffit ! cria la bête.


Mais Ti-Jean se battit si vaillamment qu’il finit par couper la dernière tête de la bête monstrueuse qui mourut à ses pieds. Ti-Jean descendit du cheval et avec son sabre il coupa les sept langues de la bête et les enveloppa dans son mouchoir.


Ti-Jean abandonna la princesse à son sort et s’en alla. Heureusement, un charbonnier qui passait par-là trouva la princesse et la conduisit chez son père. Rendue là, la princesse était si contente d’avoir été délivrée de la méchante bête et d’avoir retrouvé sa famille qu’elle dit à son père que c’était le charbonnier qui l’avait sauvée.


Le charbonnier, étonné de sa bonne fortune, demanda au roi la main de sa fille. Le roi la lui accorda, croyant que c’était bien lui qui avait délivré la belle.


Alors, le lendemain, on fit une grande fête pour célébrer le retour de la princesse. Après le repas, on se mit à conter des histoires. Quand arriva le tour de Ti-Jean, il raconta comment il avait tué la bête-à-sept-têtes sur la montagne.


Personne ne voulait le croire. Mais Ti-Jean dit :


- Allez donc là-bas, voir si les sept têtes ont leurs sept langues !


- Le roi envoya ses messagers à la montagne. Ils revinrent et dirent au roi que les sept têtes n’avaient pas de langues. Elles avaient été coupées.


C’est alors que Ti-Jean sortit son mouchoir et montra à tous les sept langues qu’il avait coupées. Le roi demanda à la princesse :


- Tout cela est-il vrai ?


La princesse reprit ses esprits et dit à son père :


- C’est bien lui, Ti-Jean aux cheveux d’or, qui m’a délivrée.


Ainsi Ti-Jean épousa la princesse et le charbonnier fut brûlé dans un grand feu d’artifice.