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Taxonomie

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Position taxonomique

Le lapin européen (Oryctolagus cuniculus) fait partie de l'ordre des Lagomorphes. Il a 2 x 22 = 44 chromosomes. L'ordre des Lagomorphes (littéralement : ceux qui ressemblent au lièvre) se distingue de celui des Rongeurs en particulier par l'existence d'une deuxième paire d'incisives à la mâchoire supérieure. Les personnes curieuses des autres lagomorphes y trouveront un tableau général et des renvois vers des articles courts sur la biologie de la majorité des autres lagomorphes (avec photos chaque fois que possible). De la position taxonomique du lapin, il convient de retenir qu'il correspond à la seule espèce de son genre. Par voie de conséquence, il ne peut se croiser avec aucun autre lagomorphe. Il n'existe donc aucun hybride vrai entre l'espèce lapin et une autre espèce "voisine".

Ainsi, les lapins abusivement appelés "hybrides" par les cuniculteurs professionnels, ne sont en fait que des croisements entre des races ou surtout des lignées spécialisées, appartenant toutes à l'espèce Oryctolagus cuniculus.

Origine du lapin Oryctolagus cuniculus et domestication

Oryctolagus cuniculus est le seul mammifère domestiqué dont l'origine paléontologique se situe en Europe de l'Ouest. Les restes fossiles les plus anciens du genre sont datés d'environ 6 millions d'années et ont été retrouvés en Andalousie.

Du Pleistocène supérieur (- 100 000 ans) au Néolithique (-2500 ans) l'aire de répartition de l'espèce correspond seulement à l'ensemble de la Péninsule Ibérique, au sud de la France et semble-t-il vers la fin de la période, à la partie ouest de l'Afrique du Nord. Le lapin représentait par exemple l'essentiel de l'alimentation carnée des hommes vivant en Provence 7000 à 8000 ans av. J.C.

De l'âge de bronze (2000 ans avant J.C.) au cinquième siècle après J.C., la répartition d'Oryctolagus cuniculus change peu. Par contre au cours de cette période, l'espèce est introduite par l'homme sur certaines des îles de l'ouest de la Méditerranée (Baléares, île de Zembra au large de la Tunisie, etc…)

Un peu d'histoire et origine du nom

 Au plan historique, le lapin fut "découvert" en Espagne vers 1000 avant J.C. par les Phéniciens. Lorsque ces grands navigateurs de la partie Est de la Méditerranée abordèrent les côtes de la Péninsule Ibérique, ils furent frappés par la pullulation de petits mammifères fouisseurs que nous appelons aujourd'hui lapins. Comme ils ressemblaient aux damans de leur pays qui vivent également en colonies et creusent des terriers, les Phéniciens appelèrent la contrée "le pays des damans", "I-Saphan-Im". En effet, saphan (ou sephan) signifie daman en phénicien. Cette dénomination latinisée plus tard donnera le nom Hispania (Rougeot, 1981). Ainsi, le nom même de l'Espagne est lié à la présence historique des lapins sur son territoire. Par exemple au tout début de notre ère, le poète Catule (87 av. J.C. - 54 ap. J.C.) qualifiait l'Espagne de "cuniculeuse".

A la recherche des traces des premiers lapins

L'étymologie du genre "Oryctolagus" Lilljeborg 1874 vient du grec oruktês = fouisseur et lagôs = lièvre. Par contre le nom d'espèce cuniculus est le nom latin du lapin, directement dérivé de l'Ibère et initialement transcrit en "ko(n)niklos" par le l'historien gréco-romain Polybe, environ 150 ans avant J.C..

Les études de l'ADN mitochondrial des os de lapins issus des fouilles archéologiques et des tissus des lapins vivant actuellement ont permis de déterminer que deux lignées maternelles de l'espèce se sont séparées il y a environ 2 millions d'années. La lignée A est toujours présente mais exclusivement dans le Sud Ouest de l'Espagne et au sud du Portugal. Tous les autres lapins présents dans le Monde, sauvages ou domestiques, appartiennent à la lignée B. Jusqu'à l'époque romaine, la lignée B était elle aussi limitée dans son extension géographique: moitié Est de l'Espagne et Sud de la France exclusivement (Monnerot et al., 1996). Les différentes études du polymorphisme génétique de nombreuses enzymes, de l'ADN mitochondrial ou de celui des microsatellites montrent toutes que les lapins sauvages et domestiques actuels forment un ensemble unique, certes avec de très nombreux variants, mais sans séparation nette entre domestiques et sauvages (Zaragoza et al., 1987; Vachot, 1996).

Autrement dit, les lapins domestiques sont bien les descendants des lapins sauvages, même si des "retours" à la nature de lapins domestiques ont été provoqués plus ou moins volontairement par l'homme au cours des siècles.

Passage de l'animal sauvage élevé en enclos au lapin domestique


Les premiers écrits mentionnant l'élevage du lapin sont ceux de Varon (116-27 av. J.C.). Il préconise de garder les lapins dans des leporaria , parcs murés dans lesquels on conservait aussi des lièvres et autres gibiers afin d'en faciliter la chasse. Cet élevage d'animaux sauvages est à l'origine des garennes entretenues du Moyen Âge jusqu'à la fin du 18ème siècle. Mais il ne s'agit cependant pas encore de lapins domestiques.

Des moines gourmands

A cette même époque, les Romains ont adopté la coutume des Ibères consistant à consommer des "laurices", c'est à dire des lapereaux nouveaux-nés (ou des fœtus).A la fin du 6ème siècle de notre ère, Grégoire de Tours mentionne le lapin dans son histoire des Francs, en reprochant aux moines de consommer des laurices en temps de Carême, ce mets étant autorisé parce que "d'origine aquatique" (sic!). On peut penser avec Zeuner (1963) que le souhait d'obtenir facilement des laurices aurait conduit les moines à imaginer de maintenir les lapines en cage pour accéder plus aisément aux nouveau-nés sans avoir à sacrifier les mères. Effectivement l'élevage des lapins en claustration devient l'apanage des couvents à cette époque. On trouve en effet des écrits attestant d'échanges de couples de lapins entre couvents au milieu du 12ème siècle.

Les tous premiers développement du lapin domestique à la Renaissance en tant que "curisiosité"

En dehors des monastères, les lapins sont entretenus dans des garennes héritières des léporaria, à l'initiative de la noblesse détentrice du droit de chasse. Plusieurs ordonnances des rois de France doivent d'ailleurs réglementer le développement des garennes au 14ème et 15ème siècle, en raison des dégâts occasionnés par les lapins s'échappant de ces garennes. Au milieu du 15ème siècle, les lapins sont définitivement domestiqués. Ainsi au 16ème siècle Agricola mentionne l'existence lapins blancs, noirs, pies (noir et blanc par grandes taches), et gris cendré et de son côté Aldrovandi s'émerveille de voir à Vérone des lapins domestiques quatre fois plus gros que les lapins sauvages.

 Un véritable élevage de production décrit par Olivier de Serres au début du 17e siècle.

Dans son ouvrage de référence sur les techniques agricoles, Olivier de Serres (1605) distingue trois sortes de lapins : les lapins sauvages (les plus goûteux), les lapins de garenne (agréables au goût) et les lapins de clapier (à la chair plus fade). Il convient toutefois de souligner que les caractéristiques de ces 3 types de lapins sont reliées par l'auteur à leur nourriture et à l'exercice qu'ils pratiquent plutôt qu'à leur génétique. Dans cet ouvrage, par moins de 13 pages sont consacrées à la construction et à la conduite des garennes et des clapiers. Il y est par exemple conseillé de ne conserver qu'un mâle adulte pour 20 à 30 femelles dans les garennes et de castrer les jeunes mâles pour améliorer la qualité de leur viande. Pour le reproduction les lapins élevés en clapier, il est conseillé de porter la femelle dans la cage du mâle et il est recommandé de pratiquer cet accouplement immédiatement après la mise bas, de le surveiller, puis de ramener immédiatement la lapine avec ses petits. Autrement dit, Olivier de Serres conseillait il y a 400 ans déjà de faire faire les saillies "post partum".

Le développement des races modernes

Au sein d'une espèce, une race est généralement considérée comme une collection d'individus ayant en commun un certain nombre de caractères morphologiques et physiologiques qu'ils perpétuent lorsqu'ils se reproduisent entre eux.

Il existe différents types de races de lapins :

a) les races primitives ou primaires, ou encore géographiques, à partir desquelles se sont différenciées toutes les autres. Elles sont directement issues des lapins sauvages.

b) les races obtenues par sélection artificielle à partir des précédentes, exemple: Fauve de Bourgogne, Néo-Zélandais Blanc, Argenté de Champagne, etc ;

c) les races synthétiques obtenues par croisement raisonné de plusieurs races, exemple: Géant Blanc du Bouscat, Californien ;

d) les races mendéliennes, obtenues par fixation d'un caractère nouveau, à détermination génétique simple, apparu par mutation, exemple: Castorrex, Satin, Japonais, Angora, etc.

Il est commode de regrouper les races suivant leur taille adulte. De plus, celle-ci est souvent en rapport avec des caractères de production: précocité, prolificité, vitesse de croissance pondérale, vitesse d'atteinte de la maturité.

Races lourdes

Le poids adulte dépasse 5 kilogramme. La fécondité est généralement faible. Le fort potentiel de croissance des races lourdes est par contre de plus en plus souvent exploité dans les croisements commerciaux. Citons le Bélier Français, le Géant Blanc du Bouscat, le Géant Papillon Français, le Géant Espagnol et le plus grand de tous, le Géant des Flandres (7 à 8 kg).

Races moyennes

Le poids adulte varie de 3,5 à 4,5 kilogrammes. Les races moyennes sont à la base des populations ou souches ou races de lapins utilisées pour la production intensive de viande dans les conditions de l'Europe occidentale. Elles sont les plus nombreuses. Nous en donnons ci-après quelques exemples. L'Argenté de Champagne est un exemple, comme le Fauve de Bourgogne, d'une race sélectionnée depuis très longtemps à partir d'une population régionale (de la Champagne). Ce lapin est connu, outre pour les caractéristiques de sa fourrure autrefois appréciée, pour ses aptitudes de production: prolificité élevée, forte croissance, bon développement musculaire, et qualité de la viande appréciée. Il est élevé en France de façon fermière, exclusivement sur litière.

Le Fauve de Bourgogne est également une race française d'origine régionale (la Bourgogne), qui s'est largement répandue en France et dans d'autres pays européens (Italie, Belgique, Suisse).

Le Californien est une race synthétique américaine présentée pour la première fois en 1928 en Californie par son obtenteur. Celui-ci a cherché à obtenir un lapin de chair avec une très bonne fourrure. Le poids adulte de cette race est de 3,6 à 4 kilogrammes.

Le Néo-Zélandais Blanc est une race originaire des Etats-Unis. Il descend de lapins colorés dont il est l'albinos. Il a été sélectionné dès le départ, dans de grands élevages producteurs de viande de Californie sur des qualités zootechniques: prolificité, aptitudes maternelles des femelles, vitesse de croissance et précocité de développement corporel pour un abattage à l'âge de 56 jours, visant à produire une carcasse légère. Le poids adulte est de l'ordre de 4 kg, un peu supérieur à celui du Californien. Cette race s'est largement répandue en Europe occidentale et dans le monde, depuis 1960, avec l'adoption de l'élevage sur grillage.

Le lapin Grand Chinchilla est d'origine allemande. Son poids moyen adulte est de 4,5 kilogramme. Il peut être sélectionné pour la viande et la fourrure.

Races légères.

Ce sont des races dont le poids adulte se situe entre 2,5 et 3 kg : Russe, Petit Chinchilla, Hollandais, Papillon anglais, etc.

Le lapin Russe est aussi appelé lapin Himalayan. Comme le lapin Californien, ce lapin blanc aux extrémités noires porte le gène himalayan ch, l'un des allèles du locus C (coloré) dont l'un des autres allèles "c" conduit à l'albinisme (lapins cc).

Les races légères ont en général un développement corporel très précoce et parfois d'excellentes aptitudes maternelles.

Races petites ou naines.

Celles-ci ont des poids adultes de l'ordre de 1 kilogramme. Elles sont représentées principalement par le lapin Polonais, et les multiples nains de couleur. La sélection sur la petitesse de la taille a conduit dans ces races à une très faible prolificité. Elles sont utilisées principalement pour produire des lapins "de compagnie" ou "d'appartement" .

Utilisation des populations locales, races et souches

Les lapins utilisés dans le monde pour la production commerciale de viande appartiennent parfois à une race mais le plus souvent à des populations d'animaux qui peuvent ressembler à telle ou telle race (mais ressembler seulement, sans répondre aux critères d'origine et de standards de la race), ou ne ressembler à aucune race. Il s'agit des lapins "communs", gris, tachetés ou blancs, issus de croisements divers non planifiés (élevage fermier), ou appartenant à des populations locales. Les pays du tiers monde peuvent disposer de populations locales, par exemple le lapin Baladi du Soudan ou d'Égypte (en arabe, Baladi signifie indigène ou local), le Maltais de Tunisie, le lapin Créole de Guadeloupe. La race la plus utilisé est sans conteste le Néo Zélandais Blanc, ou du moins des populations de lapins albinos fortement apparentées à cette race.

Il existe aussi des souches de lapins. Une souche est un troupeau génétiquement fermé, d'effectif limité, conduit sans introduction de l'extérieur depuis plusieurs générations. Une souche peut être sélectionnée ou non. Ces souches peuvent se trouver dans des laboratoires de recherche qui les entretiennent pour étudier leurs caractéristiques biologiques et zootechniques en vue d'obtenir leur meilleure utilisation en sélection. Différents sélectionneurs publics ou privés sélectionnent aussi des souches de lapins, à l'instar de ce qui se fait en sélection avicole depuis 1930. Les souches sont souvent génétiquement plus homogènes que les races.

En Europe de l'Ouest, la très grande majorité des éleveurs de lapins ayant une activité commerciale utilise des croisements contrôlés entre souches spécialisées complémentaires. Une grande partie du travail des firmes de sélection cunicoles consiste en effet à choisir les critères de sélection de leurs différentes souches pour que leur complémentarité permette d'accroître les performances techniques et économiques de lapins exploités en croisement. Ce sont les "hybrides" commerciaux déjà mentionnés au début de ce chapitre.