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Une nuit chez Willy

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Texte de Christian Delsanne


La nuit était d'encre et glaciale. Une de ces nuits d'hiver interminable au cours de laquelle pas un chat et donc, forcément, aucune souris, ne hasarde un coussinet dehors.


Un vent assez fort balayait la campagne faiblement enneigée, lui donnant des allures sibérienne.


Un étrange éclair vint foudroyer un arbre à quelques pas d'une habitation.


La ferme s'enfonçait lentement dans la quiétude de la nuit. Seules quelques lampes brillaient encore dans l'étable où Willy , sans se presser, terminait la traite de ses vaches. Bientôt, il regagnerait sa maison, irait s'installer face au feu de bois, dans son fauteuil habituel où il dégusterait une bonne tisane avant de penser à aller prendre quelques repos.


Mais, dans l'attente de cet agréable moment, il lui restait encore un peu de travail et il se força à accomplir sa lourde mission du mieux qu'il le pouvait.


Quelques jeunes veaux qui n'avaient pas encore reçu leur nourriture du soir et qui manifestaient bruyamment leur mécontentement furent rapidement calmés avec un peu de fourrage et de maïs.


Mais Willy était trop occupé par ces ultimes tâches de la journée pour s'apercevoir que des ombres se faufilaient dans la nuit en direction de sa petite exploitation agricole solitaire au milieu des champs enneigés.


Les ombres étaient quatre et de petite taille . Elles marchaient les unes derrière les autres comme des indiens sur la piste des Sioux. Prudemment elles s'avançaient, en veillant à être les plus discrètes possible.


Le crissement de leurs pas dans la neige attira l'attention d'une troupe d'oies de Toulouse qui, confortablement à l'abri du vent, sommeillait au clair de Lune. La réaction ne se fit pas attendre. Un concert de glapissements accueillit la petite troupe.


Surprises, les quatre ombres stoppèrent nette leur progression. Mais cela ne suffit pas à calmer les oies qui, furieuses d'avoir été dérangées dans leur sommeil s'avançaient menaçantes vers les quatre ombres toujours plantées dans la neige comme autant de bonshommes.


Willy avait entendu les cris de ses oies mais ne s'en était guère inquiété. Comme d'habitude, pensa-t-il, elles s'énervent sur un renard ou un lapin un peu trop hardi. Pas de quoi le perturber dans son travail en somme.


Dehors, au sein de la petite troupe, un étrange conciliabule s'était engagé. Les quatre ombres se parlaient mais dans un langage étrange peu habituel dans cette région. Une des ombres semblait plus nerveuse que les autres, faisant claquer chacune des syllabes des mots étranges qu'elle prononçait.


Mais un conciliabule ne suffit pas à calmer une troupe d'oies de fort mauvaise humeur. La meneuse de la bande s'approcha d'une des ombres et lui asséna un violent coup de bec dans la jambe droite.


L'ombre poussa un cri étrange qui devait s'apparenter à un « aie ». La petite troupe de quatre ombres était maintenant secouée par une vive discussion. Dans la voix des protagonistes on percevait clairement des accents de frayeur.


Cette fois, Willy avait tout entendu et s'était montré très surpris par les voies qu'il entendait à quelques pas de lui, à proximité de son hangar dans lequel il stockait toute sa paille pour l'hiver et quelques machines agricoles qu'il n'utilisait qu'une ou deux fois dans l'année voire même tous les vint neuf février.


Il abandonna les soins bovins, s'équipa d'une torche électrique et se dirigea d'un pas décidé vers l'endroit où il lui avait semblé percevoir des voix.


Déjà, le troupeau d'oies s'était calmé et regagnait son abri pour la nuit. Mais ce calme revenu ne réussit pas à convaincre Willy que tout allait bien, qu'il ne devait plus s'inquiéter. Quelque part au fonds de lui-même, une voix semblait lui dire qu'il devait d'abord expliquer le mystère des voix dans la nuit avant de pouvoir reprendre son travail dans le calme.


Chaussé de ses grosses bottes en caoutchouc, il s'avança dans la neige. Quand une rafale de vent vint cingler sa figure, son corps fut parcouru par un long frisson.


Il promena le mince rayon de lumière de sa torche tout autour de lui. Il aperçut les oies qui rentraient se coucher en dodelinant, un renard à une centaine de mètres qui, prit de peur, choisit la fuite.


Un hibou hulula dans la nuit.


Willy reprit sa progression, fouilla son hangar de fonds en combles, n'y vit rien de suspect, se dirigea vers l'étable où il abritait les bovins qu'il destinait à la production de steaks.


Il fut d'abord surpris de constater que la porte par laquelle il accédait habituellement à son étable était ouverte. Par les temps qui couraient, il la fermait toujours.


Cette découverte attisa sa curiosité. Qui donc s'était réfugié dans son étable en oubliant de fermer la porte?


D'un geste machinal il bascula l'interrupteur. Instantanément, l'étable fut plongée dans une lumière assez vive qui réveilla plus d'une vache. Il éteignit sa torche et la rangea dans une poche de sa salopette.


Tout semblait normal sauf...


La porte qui était restée ouverte, une ou deux vaches qui semblaient bien nerveuses, la bas au fonds de l'étable, près du mur maçonné avec de gros parpaings de béton.


Bien qu'il ne soit pas de nature inquiète ou nerveuse Willy ne pouvait se contenter d'approximations. Alors, il se décida à aller voir de plus près pourquoi ces deux vaches qui auraient du dormir étaient aussi nerveuses.


Bien qu'il se posa quelques questions, il n'accéléra pas le pas et se dirigea vers le fonds de son étable d'un pas débonnaire.


Lorsqu'il fut arrivé à la hauteur de ses bêtes, Willy fut surpris de percevoir un bruit inhabituel. Le bruit d'une respiration saccadée. On aurait dit un tuberculeux. Willy fronça les sourcils.


Il enjamba la barrière qui retenait les animaux et se dirigea vers quelques balles de pailles qu'il avait disposées le long du mur pour protéger son cheptel du froid . Plus il s'approchait et plus le souffle des respirations était distinct. Quel animal ou quelle personne avait donc trouvé refuge derrière ce tas de paille ?


D'abord il n'en crut pas ses yeux. Ensuite il eut envie de rigoler à gorge déployée.


Quatre créatures étranges mais à l'allure si débonnaires s'était blotties dans la paille, grelottantes de froid. Soudain Willy avait l'impression d'être le personnage central d'un hypothétique film de science-fiction.


Ces quatre créatures ressemblaient bel et bien à des martiens.


 - Qui êtes-vous ?


La question était idiote, il le savait, mais il n'avait pu s'empêcher de la poser. Un nouveau conciliabule anima le petit groupe. Le sujet de la conversation devait sans doute être : Quelqu'un a-t-il comprit ce qu'il nous a demandé ? Et dans l'affirmative quelqu'un est-il dans la possibilité de lui répondre ?


Willy observa la scène d'un air amusé. Ces quatre créatures qui ressemblaient à de gros nounours évadés d'une chambre d'enfant semblaient bien inoffensives.


D'un geste de la main accompagné d'un large sourire, il invita la petite troupe à le suivre. Les quatre peluches vivantes observèrent Willy en fronçant les sourcils, puis, ils s'interrogèrent du regard.


Willy qui s'était déjà avancé de quelques pas, s'arrêta et se retourna. Un nouveau conciliabule animait la petite troupe.


- Mais venez donc ! Vous n'allez pas rester là dans le froid à attendre qu'il vous ait transformés en surgelés prêts à être mis au four à micro ondes tout de même !


 Les quatre poupées vivantes s'interrogèrent une nouvelle fois du regard avant de se décider.


Chacun à son tour sauta au dessus de la balle de paille et se dirigea vers Willy qui reprit sa route.


D'abord il les fit sortir de l'étable, éteignit la lumière, ferma la porte, ralluma sa torche et se dirigea vers le corps de logis qui se trouvait à une trentaine de mètres.


Il les fit entrer, les installa dans le salon, augmenta le chauffage et servit à chacun une bonne tasse de café bien chaud, bien corsé.


Les quatre créatures observèrent les tasses fumantes d'un regard inquiet.


 - Qu'est-ce que c' est ?


 Willy sursauta.


 - Ah ! Il y a quand même quelqu'un parmi vous qui parle ! Et le français .


 - Oui ! rétorqua la créature. Mais vous ne répondez pas à notre question !Qu'est-ce que c’est ? - Mes petites peluches vivantes, on appelle cela du café. C'est très bon et par les temps qui courent, cela fait beaucoup de bien.


- Nous pouvons en boire ?


- Je ne vous l'ai pas servi pour que vous vous en serviez pour vous brosser les dents .


Willy jeta un sucre, une dose de lait dans son café et se fit un plaisir de le boire. Les quatre créatures l'observèrent, décortiquèrent chacun de ses mouvements et l'imitèrent à la perfection. Même quand il rota bruyamment.


- Et maintenant, dites-moi, qui êtes-vous ?


- C'est très bon, mais c'est très chaud ! répondit la poupée vivante qui semblait être la seule capable de parler et qui s'exprimait avec une voix d'écolier.


 - Vous ne répondez pas vraiment à ma question .


 - Soyez patient monsieur, je vais tout vous raconter.


 - Bien .


Willy s'installa confortablement dans son fauteuil préféré, contempla ses invités insolites et se montra prêt à recueillir leurs confidences.


 - Nous sommes des Tomkinns. C'est comme cela que l'on appelle notre peuple.


Nous venons d'une planète très très lointaine. Nous avons mis très très longtemps à venir jusqu'ici.


- Et pourquoi êtes-vous venus jusqu'ici ?


- La planète Tomki où nous habitons est la planète de la joie et des enfants. Mais nos enfants s'ennuient avec les jouets électroniques très sophistiqués que nous leur avons fabriqués. Lors de l'un de nos voyages, nous avons découverts de petits animaux très gentils, très amusants. Nous en avons ramenés quelques uns chez nous. Depuis, nos enfants en raffolent.


- Vous n'êtes tout de même pas venus jusqu'ici pour me demander de faire le voyage avec vous pour vous montrer comment élever vos petits animaux familiers !


- Non, non pas du tout. Nous sommes à la recherche de petits animaux pour nos enfants !


- Et pourquoi êtes-vous venus jusque chez moi ?


- Parce que nous avons lu dans le journal que vous étiez un ami des animaux !


- Ah bon . Et quel genre d'animaux de compagnie cherchez vous pour vos enfants .


Le Tomkinns fronça les sourcils comme s'il cherchait ses mots.


 - Je ne connais pas le nom exact dans votre langue mais je crois que l'on appelle cela des cobayes.


Willy hocha la tête.


- Est-ce que vous en avez ?


- Je n'en ai pas pour le moment, mais je sais où en trouver. Est-ce que vous en voulez beaucoup ?


- Oh oui ! Beaucoup l Il y a beaucoup d'enfants sur Tomki !


- Je crois que le mieux est d'attendre demain matin. Une bonne nuit de sommeil sera idéale pour chacun.


Personne ne protesta. Willy installa s'est invités surprises dans le lit de la chambre d'amis. Ils n'étaient pas grands et ils tenaient tous les quatre dans un seul lit.


Le lendemain matin, quand ils se réveillèrent, ils trouvèrent la maison vide. Willy leur avait laissé sur la table de la cuisine quatre assiettes, quatre tasses, quelques viennoiseries et un thermos plein de café.


Il revint avant qu'ils n'aient terminé de déjeuner.


- Voilà ! dit-il d'une voix amusée. Je vous ai amené tout ce que j'ai pu trouve comme cobaye !


- Vous en avez trouvé beaucoup, monsieur Willy ?


- Une centaine. Si vous les laissez ensemble assez longtemps, vous en aurez vite beaucoup plus. Le Tomkinns se leva, s'approcha des paniers que Willy avait amenés, en ouvrit un et trépigna de joie quand il vit les petits cobayes confortablement installés sur de la paille.


- C' est vraiment formidable !


- Mais ce n'est rien d'extraordinaire !


 Les quatre Tomkinns se levèrent, et vinrent contempler les petits animaux que Willy avait apportés.


- Avant de partir, nous devons vous remercier.


Le Tomkinns fouilla dans son épaisse toison et en sortit un objet minuscule.


- Tenez Monsieur Willy, c' est pour vous .


Il tendit la main en direction de Willy qui se saisit de l'objet que le Tomkinns lui offrait. Une pierre magnifique, précieuse sans aucun doute qui brillait de mille éclats.


- Qu'est-ce donc ?


- C'est une pierre d'éternité. Tant que vous la garderez près de vous, elle vous  garantira une longue vie paisible et heureuse. Ne la perdez jamais .


A peine Willy s'était-il remis de sa surprise que les quatre Tomkinns s'étaient regroupés autour des paniers en se tenant la main.


Un éclair déchira le ciel et vint lécher les créatures qui disparurent dans un nuage de brumes.