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Jusqu'au haut Moyen Age

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 Avec la chute de l'empire romain, on retourna de l'économie d'argent à une économie plus naturelle. Ceci signifie que le commerce des produits agricoles ne fut plus payé en argent: la consommation en était plus directe entre le producteur et le consommateur. Selon S. van Bath, cet enlisement de l'économie commença déjà à se manifester au cours du troisième siècle (après J -C.): c'est au cours de cette période que le centre de la vie politique et économique se serait déplacé de Rome à Constantinople. Rome elle-même allait faire partie de la limite entre le monde civilisé et les barbares. Dès le deuxième siècle, un reflux du métal précieux de Rome vers l'Orient se serait dé) à produit. L'Europe occidentale fut comme drainée du métal précieux en faveur des territoires orientaux méditerranéens, les produits orientaux n'étant plus payés en marchandises, mais en or et en argent: la balance des paiements de l'Europe occidentale était en déséquilibre et allait entraîner la faillite de l'Empire romain d'occident.

Après avoir traversé la frontière romaine du Rhin, les premiers Francs Saliens s'établirent en Taxandria  (la Campine actuelle) en l'an 358, avec l'accord des Romains. Refoulés violemment par les attaques des Huns, des Vandales et de Suèbes,  les Francs allaient très rapidement se rendre maîtres des terres plus fertiles de Hesbaye. Vers 411-413, nos régions étaient pratiquement aux mains des Francs. En 46 1, le royaume mérovingien fut proclamé. Au cours de ces années, la civilisation romaine avait déjà profondément marqué les nouveaux envahisseurs: non seulement les Francs furent-ils assez vite christianisés, mais les traditions romano-chrétiennes et leurs techniques furent conservées en 'Francie' . Ainsi, par exemple, on retrouve le plan de la 'basilique' romaine dans les églises mérovingiennes: l'évêché de Trèves, datant de 326-348 et transformé en l'an 400, le complexe épiscopal de Lyon (fin IVe début Ve siècle), la cathédrale reconstruite de Clermont-Ferrand (446-462), la cathédrale St-Martin  à Tours (461-491); tous ces monuments religieux précisément construits au moment des invasions franques, prouvent que, surtout dans le domaine religieux, la culture romaine se perpétua la plupart du temps sans encombres (R.  Lemaire). A peu de choses près, toute l'organisation de l'église romaine tardive et la culture religieuse qui s'y rattache survécurent à la prise de pouvoir franco-mérovingienne.

Mais retournons à l'agriculture; les Francs Saliens étaient plus des pasteurs que des paysans; dans les terres basses, ils recherchaient des pâturages naturels et de l'eau pour leurs bêtes. Il semble difficile de savoir comment ils vivaient , si l'on se fonde sur la loi salique, ils auraient connu des constructions à une seule pièce. Une cour aurait été entourée d'une clôture de bois à l'intérieur de laquelle se trouvaient les étables, les granges, les remises, parfois un puits et un four à pain. Des fouilles récemment effectuées en Grande-Bretagne et notamment à Catholme et Chatwick permirent de découvrir qu'en 450 et en 510 déjà, des anglo-saxons  étaient établis dans le centre de l'Angleterre. S. Losco-Bradley décrit entre autres un village de ce genre, qui fut mis à jour en 1973- 1974; les restes de trous de pieux laissent deviner des fermes assez vastes, confortables, construites en argile avec en général plusieurs subdivisions. Certains bâtiments oblongs avaient même quatre pièces, placées l'une à côté de l'autre, en ligne... Mais comment étaient les fermes de 'nos' Francs Saliens ? Les constructions de ces autres germains différaient probablement très peu sur le continent de celles des anglo-saxons  de la même époque...

Nous trouvons d'autres indications sur le territoire des Pays-Bas, cette fois, à Wijster dans la province de Drenthe. Après des années de patientes excavations, W. van Es retrouva les restes d'un village entier habité pendant les derniers siècles de l'Empire romain et pendant les grandes migrations, par des peuplades germaines. Il y découvrit tout un enchevêtrement de structures: des traces d'habitations, de remises, d'étables, de tombes et de tombeaux bourrés de poteries... Il lui fut donc très difficile de reconstituer la véritable structure d origine, de distinguer les traces de pieux de bois plus anciens et de murs d'argile, et d'en refaire une seule habitation. Souvent d'ailleurs, plusieurs constructions ont occupé le même endroit au cours des années, ce qui fait de la reconstitution de l'habitat un véritable puzzle. Mais Wlister signale cependant qu'il y avait une multitude de plans, simples et plus vastes, rectangulaires, avec plusieurs pièces séparées, les uns à côté des autres. Mais en ce qui concerne notre pays, il reste de nombreux points d'interrogations pour les fermes construites pendant les cinq siècles qui suivent...

Enfin, C.  Tréfois  reproduit le plan d'une ferme 'mérovingienne' à Gladbach,  en Allemagne: une habitation en cinq parties, l'espace le plus grand se trouvant au centre et étant relié à l'entrée principale. Les quatre autres se rattachent aux trois autres côtés de cette pièce centrale, presque carrée. Le tout rappelle fortement le type de fermes 'saxonnes' que l'on retrouve encore dans l'est des Pays-Bas (principalement, Drenthe, Gueldre et Twenthe) et dans les territoires saxons limitrophes, dans le nord-ouest de l'Allemagne. La station préhistorique de Gladbach (VIe-VIlle s.) comprenait encore d'autres remises de toutes dimensions, des étables, des fours à pain,... Des restes de fermes mérovingiennes ont également été trouvés dans d'autres endroits en Allemagne. Toutes ces tentatives de reconstitution ne permettent cependant pas de faire des suppositions quant à l'origine des types de fermes appelés ultérieurement fermes 'franques', 'saxonnes', 'celtiques' ... Nous ne disposons en effet que de trop peu de données concernant l'histoire de la plupart des fermes, et il semble de plus, que les fermes que l'on rencontre encore aujourd'hui aient été construites et subdivisées selon des plans beaucoup plus récents. Les Francs s'étaient cependant établis dans plusieurs coins de Belgique: les noms de lieux se terminant par '-heim',  '-gem', 'inge', -sele', '-sel', '-sale' sont d'origine franque. Nous savons également que de nombreux vieux villages de Campine sont d'origine mérovingienne: leur plan typique était triangulaire comme le note le Néerlandais A. Kakebeeke. Dans le sud de notre pays et dans la plus grande partie de la 'Francie' la majorité de la population autochtone restait gallo-romaine.

Même si nous ne disposons que de peu d'informations directes relatives aux fermes mérovingiennes et carolingiennes, nous pouvons cependant nous faire une image assez précise de l'agriculture aux Ve-Xe siècles, en nous fondant sur la structure socio-économique. Comme nous le savons, l'Europe occidentale souffrit aux IVe-Ve siècles d'une terrible pénurie de métal précieux, paralysant à peu près toute circulation d'argent. De ce fait, l'ancien patron de la société fut complètement modifié. La considération et le pouvoir ne pouvaient plus s'appuyer sur l'argent; ils allaient dépendre de la propriété foncière. L'ancien système germanique du 'Gefolgschaftwesen' était toujours en vigueur chez les Francs: un chef et son successeur se juraient fidélité uniquement pour la durée d'une expédition militaire ou de brigandage. Cet usage devint courant dans la vassalité: le seigneur et son vassal se juraient fidélité, à l'origine comme deux personnes se trouvant sur un pied d'égalité (S. van Bath). Le vassal recevait alors un 'bénéfice' en échange des services fournis: une parcelle de terre ou une fonction, l'argent manquant à l'époque.

Le suzerain, les feudataires (soldats ou autres fonctionnaires) mais aussi les ecclésiastes, devaient être nourris et vêtus, alors qu'il n'avaient pas le temps  de participer directement au processus de production, mais qu'il possédaient les terres nécessaires à ce processus. Une forme de grande propriété terrienne' apparut donc dans l'organisation de la cour. Cette aristocratie terrienne, composée à l'origine tant de chefs francs que de gros propriétaires terriens gallo-romains, avait bâti d'énormes villas sur leurs terres. Pendant la deuxième phase de la christianisation (vers 630), certains seigneurs, convertis, firent don d'une partie de leurs terres à l’œuvre  des missions, ces biens devenant un peu plus tard des abbayes. Souvent les domaines (villas) étaient divisés en deux parties, une partie était réservée à l'aristocrate propriétaire qui l'exploitait, grâce au système de la corvée, et se composait de l'habitation avec les dépendances (faite de bois et de terre glaise) et était clôturée à l'aide de pieux de bois; des champs, des prairies et des territoires de chasse l'entouraient. La deuxième partie des terres était distribuée aux serfs qui la cultivaient pour leur compte, mais en échange, ils étaient tenus à la ‘corvée' et devaient donner une partie de leur récolte et de leurs produits finis. Ces corvées imposées aux serfs furent particulièrement lourdes à l'époque carolingienne.

Mais nulle part, la totalité de la population paysanne ne fut assujettie. D'autre part, avec le temps, certaines de ces immenses domaines s'effritèrent  (héritages, dons pour certains services rendus, ... ) et ce, pour devenir de plus petites exploitations indépendantes. Dans toute l'Europe occidentale à peu près, il restait des paysans libres (les affranchis rang inférieur), qui se sentaient liés entre eux par un serment de fidélité et d'assistance mutuelle.

Selon l'importance de la terre qu'ils cultivaient, on distingue les paysans ' avec ou sans charrue'. Malheureusement, très souvent (VlleVIlle siècles), ils étaient obligés de demander l'assistance des seigneurs, au prix de certaines des libertés qui leur étaient si chères. Dans la région flamande, ces petites entreprises auraient été assez courantes.

Fondées au cours des Vlle et VIlle siècles, par de nombreux évêques, moines missionnaires  et grands propriétaires terriens convertis, les abbayes aussi possédaient de grands domaines pour subvenir à leurs besoins et des bâtiments acquis grâce à des donations, qu'ils allaient ensuite structurer en construisant notamment des fermes abbatiales. L'étendue des propriétés terriennes possédées par les anciens cloîtres apparaît dans l'exemple de l'abbaye de Nivelles: au moment de sa fondation, un peu après 640, cette abbaye possédait 16. 000 ha de terres. Une autre abbaye, celle de St-Bertin  à St-Omer  dans l'actuelle Flandre française, possédait, vers 8 5 0, plus de 10. 120 ha. Il ne faut cependant pas oublier que ces terres n'étaient pas toutes cultivées; elles comprenaient également des domaines de chasse, des marécages ne pouvant être que rarement utilisés comme pâturages, des bois pour les cochons... D'ailleurs, ces terres étaient étendues, avec intention, dans les régions les plus variées: les régions de culture de Hesbaye et du Brabant fournissaient les céréales, les régions vinicoles le long de la Moselle et du Rhin procuraient le vin, la côte de la Normandie (actuelle), de Frise et de Flandre servaient à la laine et au drap, ainsi qu'au... poisson, un mets important pour une communauté religieuse, devant se priver la meilleure partie du temps de viande, à moins de se retrouver à l'infirmerie! L'orientation caractéristique nord-sud des propriétés (fermes et terres, vignobles) se retrouve dans d'autres abbayes entre le VIIe et le Xe siècle, comme par exemple, l'abbaye de St-Trond que l'on connaît bien, érigée vers 650 par un riche propriétaire hesbignon, Trudo (H. Kesters entre autres) et qui atteint son plein essor (de la Moselle, à Metz, jusqu'à la Basse-Meuse) au Xle siècle.

De cette brève esquisse, faite dans les très grandes lignes, du système de la vassalité et de ses conséquences sur la propriété terrienne et la production agricole, nous retiendrons déjà ceci: d'une part, il y avait aux époques mérovingienne et carolingienne, des ‘domaines' appartenant directement au seigneur et gérés par lui-même ou par son intendant. Les serfs étaient obligés d'en travailler la terre (système de la corvée), ce travail faisant partie des services dus au seigneur.

 D'autre part, il y avait des fermes, réparties sur plusieurs régions, appartenant au suzerain ou à une autorité ecclésiastique (fermes abbatiales). Et enfin, il y avait des paysans libres, gros fermiers ou petits 'closiers', obligés pour gagner leur pain quotidien d'offrir leurs services à des seigneurs, des abbayes ou des évêchés, mais possédant leur propre ferme. Une conclusion s'impose déjà: en raison des grandes différences sociales, l'importance des fermes varie très fort: aux deux extrêmes, nous avons d'une part, la grosse ferme du seigneur (avec terres cultivées grâce à la corvée) comprenant une curtis dominica, le logis avec granges et autres dépendances, le jardin et la terra îndomînicata' avec les terres de culture, les pâturages (brullium), le vignoble, les moulins à eau, la brasserie, des auberges. A l'autre extrême, se trouvaient certainement des huttes misérables dans lesquelles vivaient les  salariés' ou serfs. Mais entre ces deux extrêmes, il y avait toute une gamme de fermes, la plupart des fermes de serfs n'étaient d'ailleurs pas si petites étant donné qu'à l'époque (VIlle-IXe et Xe siècles), quatre ou cinq familles de serfs vivaient dans la même ferme, qui comprenait non seulement le logis, le jardin, les terres de culture et d'élevage, mais parfois même un vignoble (en France, surtout). Les serfs disposaient aussi parfois de droits d'usage sur les bois, les terres non cultivées et les terres en friche.

Ces différences de volume entre les diverses fermes ne sont d'ailleurs pas typiques de la féodalité: de tous temps, des grosses fermes se sont trouvées à côté des habitations modestes des petits paysans, et rien n'a changé de nos jours. Mais au moment de la féodalité, période agricole par excellence, la différence entre les propriétés était un produit de l'inégalité sociale, essentielle au maintien d'une société de classes, au sein de laquelle chaque catégorie a des fonctions précises à remplir (protection militaire, justice, salut de la communauté ou production agricole).

Un autre facteur distinguant l'agriculture de l'époque de celle de temps moins anciens (XVIle - XXe siècles) consiste en le système agricole; au début du moyen âge, la terre était cultivée d'une cinquantaine de façons différentes (S. van Bath): L'utilisation des herbes sauvages date déjà de l'âge du bronze et du fer, et même plus tôt encore. Un deuxième type de culture appliqué sur les terres marginales est le système dit 'Infield-outfield': la majeure partie de la terre restait en friche la plupart du temps et le reste était fumé grâce aux matières organiques récoltées dans les terres en friche. Et ainsi, ces plus petites parcelles pouvaient être cultivées de manière permanente. Un troisième système est celui de l'assolement: cultures et jachères alternant chaque année. Une quatrième et une cinquième méthodes consistent en l'assolement triennal, utilisé notamment par les gallo-romains et dans lequel la terre est cultivée une année, puis laissée en jachère deux années; un procédé plus perfectionné consiste à semer du seigle ou du froment la première année, de l'orge ou de l'avoine la deuxième année et rien la troisième année. L'avantage de ce dernier système réside dans une augmentation de la production: alors que selon le premier procédé d'assolement triennal, la terre ne porte ses fruits qu'une année sur trois, et selon le système à deux soles, seule la moitié de la terre rapporte, dans ce dernier système, deux tiers des terres ont un rendement. Ce procédé domina d'ailleurs dans la plus grande partie des Pays-Bas à l'époque carolingienne, au cours de laquelle une population assez dense devait être nourrie. La caractéristique commune de ces cinq procédés consiste à laisser en jachère une certaine partie des terres cultivables, et ce, pendant une ou plusieurs années. Il s'agit là de la seule méthode valable, lorsque le fermier ne dispose pas de suffisamment d'engrais pour rétablir la fertilité du sol: en effet, après la récolte, une partie des éléments minéraux de la terre disparaît et ce manque ne peut être compensé que par l'apport d'engrais minéraux et organiques ad hoc, ou grâce aux déchets organiques (humus) provenant des 'mauvaises herbes' poussant pendant les années de jachère dans les champs non cultivés et permettant de rétablir dans le sol un certain nombre de cycles biologiques (cycle de l'azote, par exemple), pendant la période de croissance et de décomposition. Cet assolement triennal à bien sûr laissé des traces sur l'aspect du village. Lorsque les prés et les champs appartenaient à la communauté villageoise, ils étaient 'rangés' en trois catégories; et jusqu'au XVIe siècle, les champs disposés autour du centre du village laissaient apparaître trois grandes taches de couleur: celle du grain mûrissant sur les parcelles d'hiver, le vert du blé d'été sur les parcelles d'été et enfin, la troisième partie des terres de culture, brune, celle des terres en friche. Plus loin, il y avait des prairies communes pour le bétail. Au centre, on trouvait les prés du village (qui deviendraient plus tard, la place du village). Parmi les autres vestiges de l'assolement triennal, citons la durée des baux (3, 6, 9, 12 ans) et la Procession de la croix qui dure trois Jours (l. Scheys).

La technique de construction la plus courante pour des habitations et des fermes simples consistait, au moyen âge en la construction à colombages (il s'agit là probablement de la technique la plus employée dans nos régions pour la construction des murs entre le néolithique et le XVIe siècle). Au moyen âge, on construisait d'abord une charpente de bois: des poutres en chêne spécialement choisies servaient à assurer la stabilité du bâtiment. Ces poutres étaient préalablement numérotées afin de faciliter le travail sur place.

Le sol était d'abord délimité, puis couvert de pierres et de cailloux simplement empilés sur une hauteur de 40 cm.

Ce n'est que vers le milieu du moyen âge qu'on maçonnera une 'base' de briques de 30 à 70 cm de haut. Après avoir placé ces 'fondations' on pouvait commencer à ériger véritablement le bâtiment; des poutres étaient d'abord posées horizontalement sur la base, puis venaient les poteaux corniers et les tournisses  verticaux fixés à l'aide de goujures  ou de clous de bois. Les murs étaient faits d'un clayonnage reliant les poteaux entre eux et sur les branchages entrelacés, on appliquait une épaisse couche de terre glaise, souvent mélangée de paille pour améliorer la solidité de l'ensemble. Nous parlerons dans un autre chapitre de la technique du colombage, mais il ressort déjà de ce qui précède qu'une telle méthode ne faisait pas intervenir de pieux enfoncés dans le sol ni de fondations profondes.

Lorsqu'un tel bâtiment est rasé par un incendie ou disparaît pour une toute autre raison, il ne laisse donc aucune trace. Si les vestiges de pieux enfoncés se font de plus en plus rares au fur et à mesure qu'on avance dans le temps, cela prouve sans doute que les techniques de construction se raffinaient: l'homme du haut moyen âge est probablement l'inventeur de nombreuses techniques dont nous ne retrouverons les témoignages plus compliqués que beaucoup plus tard.

Et tout d'un coup, nous nous trouvons ainsi devant les impressionnantes granges construites dans nos fermes abbatiales aux XIIIC et XlVe siècles: celle de l'abbaye de Ter Doest à Lissewege (Bruges) datant de 1280 avec son énorme charpente grandiose; celle de Westkapelle avec sa charpente coudée tout aussi magnifique; et encore d'autres granges avec la même charpente à Ramskapelle, Alveringem, Snaaskerke, Zoutenaaie... Toutes construites  à l'époque où les polders venaient seulement d'être endigués; une énigme donc : d'où venaient cette adresse géniale et ce talent indispensables pour construire ce genre d'édifices ? Où les architectes des fermes abbatiales ont-ils été formés par les bâtisseurs d'églises normands et parisiens qui découvrirent précisément aux XIIe et XIIIe siècles le principe de l'action et de la réaction, permettant ainsi l'utilisation d'une physique de la construction dynamique, notamment pour construire des cathédrales gothiques à la place des églises -citadelles romanes...

 

 


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